Molenbeek en tête, Woluwe-Saint-Pierre en bas du classement : voici les communes où la population bénéficie le plus d’un revenu du CPAS

La Région semble divisée en deux parties avec le sud-ouest et le Croissant pauvre.

La Région bruxelloise continue d’être marquée par de nombreuses disparités, notamment économiques. Que ce soit pour les bénéficiaires du CPAS ou de l’intervention majorité, les communes ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Des différences existent même entre les différents quartiers.

L’IBSA (l’institut bruxellois de statistique et d’analyse) vient de sortir son panorama socio-économique. Dans celui-ci, il ressort que Molenbeek-Saint-Jean est la commune présentant la proportion la plus élevée de bénéficiaires d’un revenu du CPAS. En effet, en 2023, cela concernait 11% de la population molenbeekoise âgée de 18 à 64 ans. Soit plus d’une personne sur dix.

Trois communes ont plus de 9% de leur population qui est bénéficiaire du CPAS. Il s’agit des communes d’Anderlecht (9.1%), de Saint-Josse-Ten-Noode (9.7%) et de Schaerbeek (9.1%).  

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Dans le bas du classement, on retrouve Woluwe-Saint-Pierre (2.1%), Uccle (3.4%), Auderghem (3.4%), Berchem-Sainte-Agathe (3.5%) et Ganshoren (3.5%). Woluwe-Saint-Lambert est également sous les 4%, avec un total de 3.9%.

Entre 2005 et 2023, la part des bénéficiaires d’un revenu du CPAS a augmenté dans plusieurs communes bruxelloises : Anderlecht, Evere, Forest, Molenbeek-Saint-Jean et Schaerbeek. Woluwe-Saint-Pierre est la seule commune où la part a diminué durant ce laps de temps.  

Des différences entre les quartiers  

En ce qui concerne les bénéficiaires de l’intervention majorée, des disparités importantes existent entre les quartiers bruxellois. La Région semble divisée en deux parties.  

Dans une dizaine de quartiers du quadrant sud-est de la Région (allant de l’est d’Uccle à Woluwe-Saint-Lambert), la part de la population qui bénéficie de l’intervention majorée est inférieure à 10%. Dans la plupart des quartiers formant le Croissant pauvre, ainsi que dans quelques quartiers de l’ouest, la part est supérieure à 40% de la population.

Dans cinq quartiers du Croissant pauvre, cette part dépasse les 50%. Ce sont donc plus d’une personne sur deux qui bénéficie d’une intervention majorée dans les quartiers Cureghem Vétérinaire (50%), Marolles (53%), Cureghem Rosée (54%), Molenbeek Historique (56%) et Gare de l’Ouest (56%).

Une augmentation générale

En 2023, 53.699 personnes ont bénéficié d’un revenu versé par un CPAS bruxellois, soit une augmentation de 5.4% par rapport à 2022, indique l’IBSA. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’augmentation mesurée ces dernières années. Il y a notamment eu différents changements dans la législation en matière d’allocations de chômage ainsi qu’une forte augmentation du nombre de réfugiés reconnus suite à la crise migratoire. La guerre en Ukraine est un élément important, avec les Ukrainiens sous protection temporaire qui bénéficient d’une aide sociale financière. Un autre facteur concerne les jeunes de moins de 25 ans qui sont aux études et qui bénéficient d’un revenu d’intégration sociale. “De 2013 à 2023, leur nombre a plus que doublé en Région de Bruxelles-Capitale, passant de 3.500 à 8.000 environ. La part de ces jeunes étudiants dans le nombre total de bénéficiaires d’un RIS est ainsi passée de 9% en 2013 à 15% en 2023″, précise l’IBSA.

L’institut pointe “un phénomène plus général de précarisation qui doit également être pris en considération”. Pour mesurer cette précarisation, l’IBSA fait appel à une autre enquête sur les revenus et les conditions de vie menée en 2023. En effet, les bénéficiaires du CPAS ne représentent qu’une partie de la population précaire. D’après cette autre enquête, il ressort que 28% des ménages bruxellois vivent avec des revenus sous le seuil de pauvreté, alors que les bénéficiaires d’un revenu du CPAS ne représentent que 6% de la population de 18 à 64 ans en Région de Bruxelles-Capitale. Quant à l’intervention majorée, 344.144 personnes en bénéficiaient au 1er janvier 2023 dans la Région bruxelloise, ce qui représente 27% de la population.

E.V.  – Photo : Belga