“Mis à la porte à cause de ma tenue” : Haron Zaanan, influenceur non-binaire, va porter plainte pour discrimination

La vidéo a fait le tour de la toile : Haron Zaanan, mannequin et influenceur bruxellois non-binaire, est attablé dans un restaurant du centre-ville. Il porte une robe bustier qui dévoile ses épaules. Au moment du dessert, un serveur lui demande de se couvrir ou de quitter l’établissement. Haron compte porter plainte pour discrimination. 

Lorsque le serveur lui demande de se couvrir les épaules car des clients se seraient plaint de sa tenue, Haron refuse et préfère quitter les lieux. Il s’agit-là en effet d’une attaque sur son identité de genre, dénonce-t-il. Haron est non-binaire, il ne se considère ni comme un homme, ni comme une femme.

Le responsable du restaurant nous a fait part de sa réaction : “La personne est venue avec sa soeur. Il n’y a pas eu de refus à l’entrée, on accepte tout le monde. Mais plusieurs clients ont émis des commentaires et se sont plaints au serveur, qui a demandé à la personne en question de se couvrir ou de sortir. Notre but était de régler une situation problématique entre clients.”

Harcèlement et discriminations

Depuis qu’il a publié la vidéo sur les réseaux sociaux, Haron Zaanan a reçu de nombreux messages de soutien mais aussi des insultes. Les personnes non-binaires en reçoivent régulièrement, indique le Centre pour l’égalité des femmes et des hommes. Les cas de harcèlement et de discrimination sont nombreux et beaucoup n’osent pas faire leur coming-out et vivre en accord avec leur identité de genre.

La Ville de Bruxelles a réagi par communiqué pour “condamner l’incident transphobe“. “Nous avons rencontré le responsable du restaurant Drug Opera pour lui signifier notre réprobation quant à l’incident relayé sur les réseaux sociaux. En tant qu’échevin des Affaires économiques, mon but est de faire des commerces bruxellois des lieux accueillants pour tous.“, écrit Fabian Maingain (DéFI). L’échevine de l’Egalité des chances, Lydia Mutyebele (PS), juge le traitement réservé à Haron Zaanan “tout simplement honteux.” et suggère à la direction de former son personnel à la diversité. “Ce fait divers confirme que nous avons encore beaucoup de travail pour que l’inclusion et le respect de l’altérité deviennent des réalités.“, conclut-elle.

Haron Zaanan compte porter plainte. Les personnes qui souhaitent signaler une discrimination peuvent le faire auprès d’Unia, au 0800 12 800.

■ Reportage de Yassine Mossati, Nicolas Scheenaerts et Timothée Sempels