Les minorités ethniques largement discriminées sur le marché du travail belge

Les immigrés comme les Belges des deuxième et troisième générations subissent encore des discriminations à l’embauche et sur leur lieu de travail.

Les migrants et les minorités ethniques restent très souvent désavantagés sur le marché de l’emploi belge, ressort-il d’un rapport publié mercredi par le Réseau européen contre le racisme (Enar), à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.

Sur les près de sept millions de citoyens qui composent la population active belge, près de 30% étaient d’origine étrangère en 2014, selon les données récoltées par l’Enar pour son rapport 2013-2017.

À Bruxelles, ce chiffre grimpe à 72,6% des 18-60 ans. Pourtant, les immigrés comme les Belges des deuxième et troisième générations subissent encore des discriminations à l’embauche et sur leur lieu de travail.

Ainsi, une étude quantitative menée en 2017 par l’Université de Gand a montré que les candidats avec un nom à consonance étrangère avaient 30% de chances en moins d’être convoqués à un entretien d’embauche qu’une personne au patronyme flamand.

D’autres recherches dévoilent en outre que 63% des entreprises flamandes de nettoyage cèdent aux demandes racistes de leurs clients. “Les minorités ethniques et religieuses ainsi que les migrants font partie intégrante du marché du travail et contribuent au développement économique européen”, souligne Amel Yacef, présidente de l’Enar.

De multiples obstacles pour les femmes

“Le racisme structurel et individuel qu’ils subissent sur le marché du travail les empêchent cependant d’exploiter pleinement leurs talents.” L’enquête européenne, menée dans 23 États membres, pointe en effet un taux de chômage plus élevé chez les personnes d’origine étrangère. Les Belges d’origine sont ainsi 71,6% à bénéficier d’un emploi, contre 52% des Européens résidant dans notre pays.

Le taux d’emploi chute à 38,2% pour les personnes issues du Moyen et Proche-Orient. À l’inverse, les Belges aux racines nord-américaines sont surreprésentés dans les catégories de salaires les plus élevés, tandis que les Belges “de souche” se situent généralement dans les catégories de salaires moyens et élevés. Les citoyens d’autres origines se retrouvent à nouveau surreprésentés dans les bas salaires.

Par ailleurs, pointe l’Enar, les femmes de couleur en Europe subissent de multiples obstacles sur le marché du travail. Elles sont particulièrement vulnérables à la discrimination, à l’exploitation, au harcèlement sexuel, à la maltraitance et sont souvent surqualifiées et cantonnées à certains secteurs professionnels, en particulier le travail domestique. En France, les femmes de descendance africaine ont le taux d’emploi le plus bas.

En Belgique, 50% des plaintes pour discrimination religieuse portées par des femmes musulmanes concernaient le domaine de l’emploi en 2014. “Très peu de changements ont été opérés depuis le dernier rapport de l’Enar sur le sujet en 2012-2013”, conclut l’association pan-européenne, qui demande aux gouvernements de l’Union de prendre des mesures urgentes afin de garantir l’égalité dans l’emploi.

Belga