Mercosur, meilleures rémunérations : quelles sont les revendications des agriculteurs ?

Rassemblés ce jeudi sur la place du Luxembourg devant le Parlement européen, à Bruxelles, les agriculteurs européens ont voulu faire passer plusieurs messages aux dirigeants en marge du sommet européen.

Notre principale revendication porte sur la fin des négociations entre l’Union européenne et le Mercosur“, un groupe d’Etats sud-américains avec lequel l’UE négocie depuis des années un accord de libre-échange, a déclaré Morgan Ody, de la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), à l’origine de la manifestation d’agriculteurs, jeudi, place du Luxembourg à Bruxelles. L’ECVC regroupe une trentaine d’organisations paysannes en Europe dont la Fugea, en Wallonie.

Ce n’est pas possible que l’on nous méprise comme cela“, a ajouté la paysanne française, membre du Comité de coordination d’ECVC dans son discours d’ouverture de la manifestation.
Au cours d’un “point-presse” improvisé entre deux tracteurs, en pleine manifestation à quelques pas du Parlement européen, Morgan Ody a plaidé pour “la souveraineté alimentaire”, la “transition écologique” et la défense des droits des paysans, ce qui passe par des prix agricoles stables et supérieurs aux coûts de production.

Les populations nous soutiennent et sont contre ces accords de libre-échange. Il faut que cela s’arrête”, a encore exhorté Morgan Ody.

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Les agriculteurs bio dénoncent aussi leurs faibles rémunérations

Les agricultrices et agriculteurs bio sont également concernés par les problèmes de rémunérations insuffisantes, affirme jeudi le président de l’Union nationale des agrobiologistes belges (Unab), Dominique Jacques.

En 2023, le nombre de producteurs bio a diminué pour la première fois en Wallonie, passant sous la barre des 2.000“, a-t-il averti lors de la manifestation. Le patron de l’Unab illustre par exemple la disparition progressive du marché pour le colza bio, et pointe le fait que les agriculteurs bio sont contraints de vendre certains produits aux mêmes prix que les denrées conventionnelles aux enseignes, qui les revendent ensuite plus chers. L’Unab plaide par ailleurs pour une simplification administrative. “On commence à peine à comprendre les règles que de nouvelles arrivent et changent la donne“, soulève M. Jacques. Ce dernier souhaite plus de stabilité à long terme concernant la politique agricole commune (PAC). En ce qui concerne le niveau wallon, il regrette que les arrêtés ministériels soient pris avec beaucoup de retard alors que les agriculteurs ont besoin de temps pour établir leur plan de cultures.

La PAC dans le viseur

La nouvelle PAC, qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales et les législations du Pacte vert européen (ou “Green Deal”) – même si elles ne sont pas encore en vigueur – cristallise la colère.

Face à la grogne, la Commission européenne a fait des concessions mercredi sur deux sujets principaux: elle propose d’accorder pour 2024 une dérogation “partielle” aux obligations de jachères imposées par la PAC et envisage un mécanisme limitant les importations d’Ukraine, notamment de volaille.

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BX1 avec Belga – Photo : Belga

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01 février 2024 - 14h48
Modifié le 01 février 2024 - 16h11