Manifestation nationale : quelles sont les revendications des syndicats ?

La FGTB manifeste à Bruxelles, ce vendredi. Dans le viseur : la loi de 1996 fixant la marge salariale.

Une seule ligne de métro en circulation, huit lignes de tram (à la place de 18) et 11 lignes de bus (à la place de 52) : voilà quelques conséquences du mouvement de grève et de l’appel à manifester lancé par les syndicats aujourd’hui, en particulier la FGTB qui manifeste ce vendredi dans les rues de Bruxelles.

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La FGTB dénonce, en effet, la loi du 26 juillet 1996 fixant la marge salariale (en empêchant notamment les salaires de trop augmenter par rapport à ceux pratiqués à l’étranger), et en particulier la révision de cette loi. En 2017, le gouvernement de l’époque, emmené par Charles Michel (MR) révisait la loi en intégrant des corrections automatiques, laissant donc moins de place aux négociations.

Ainsi, le syndicat socialiste, rejoint sur ce point par ses collègues bleus et verts, dénonce que, selon eux, cette loi ne permette pas de négocier des marges salariales plus importantes, notamment dans les secteurs qui n’ont pas souffert de la crise sanitaire, alors même que la norme salariale maximale conclue lors du dernier AIP est de 0,4%.

La précédent gouvernement Michel a fait en sorte que la négociation sur les salaires soit mise dans un carcan complètement arbitraire, avec toute une série de mécanismes et de blocages. Cela ne permet plus une vraie négociation sur les salaires. Et cela ne permet donc plus aux salaires des travailleurs d’évoluer correctement“, nous explique Estelle Ceulemans, la secrétaire générale de la FGTB Bruxelles, “le problème pour nous, c’est que cette loi et ces 0,4%, sorte de plafond qu’on a rabaissé très bas, ne correspondent pas à la réalité de certains secteurs, de certaines entreprises qui pourraient et/ou voudraient donner plus à leurs travailleurs. C’est extrêmement problématique : c’est pour ça que cette loi doit être adaptée“.

Le prochain Accord Interprofessionnel (AIP) pourrait d’ailleurs être mis en danger par cette situation. Interrogé il y a quelques semaines par Bel RTL, le président de la FGTB, Thierry Bodson, annonçait que si la loi de 1996 n’était pas modifiée, la FGTB ne négociera pas l’AIP pour 2023-2024.

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Interview d’Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB Bruxelles

CSC et CGSLB rejoignent l’objectif, pas la manifestation

Ce vendredi, la FGTB est la seule à défiler dans les rues de Bruxelles : aucun panache vert ou bleu ne vient compléter la marée rouge (une première estimation parle de 15.000 manifestants). Néanmoins, les socialistes sont rejoints dans leurs revendications par la CSC et la CGSLB.

Ainsi, la CSC a prévu un rassemblement à Liège, et des actions en entreprise. Pourquoi ne pas avoir participé à la manifestation nationale ? “La FGTB a pris l’initiative de faire cette manifestation à Bruxelles, sans prendre contact avec la CSC au préalable, ça a été fait sans en discuter. Nous, nos militants sont aussi taraudés par cette question, et ne voulaient pas laisser la FGTB seule. Et donc la CSC est dans les entreprises aujourd’hui pour parler de cette question (…) et une action a lieu à Liège, région particulièrement touchée par les inondations. Des Bruxellois sont notamment partis ce matin pour les rejoindre“, nous indique Tom Meremans, responsable communication de la CSC Bruxelles, “Nous sommes donc tout à fait d’accord avec la FGTB, c’est juste une question de temporalité“.

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Même réaction du côté du syndicat libéral CGSLB : pas de participation à la manifestation bruxelloise, mais des rassemblements devant les sièges du MR et de l’Open VLD, sous le slogan de #FreeSalary – Libérez nos rémunérations.

Interview de Tom Meremans, responsable communication de la CSC Bruxelles

C’est une bonne loi“, réagit la FEB

Du côté du patronat, par contre, on s’oppose aux revendications des syndicats : la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) réagit aux demandes syndicales, et monte au créneau.

Selon eux, la loi de 1996 et sa révision de 2017 doit rester en l’état, sous peine de menacer la compétitivité.

C’est une bonne loi. La loi fonctionne très bien, ces dernières années on a constaté qu’elle a protégé l’emploi et le pouvoir d’achat“, nous explique Pieter Timmermans, l’administrateur-délégué de la FEB, “revoir la loi de 1996 aujourd’hui, c’est donner le signal que notre économie peut se permettre plus que ce qui est économiquement acceptable. C’est très dangereux pour l’emploi, cela créera davantage de chômage et donc des pertes de revenus.

Interview de Pieter Timmermans, administateur-délégué de la FEB

 

ArBr – Photo : Belga