Malgré internet, le médecin reste la personne de référence en matière d’infos sur la santé
Internet est une source de plus en plus plébiscitée, mais le médecin reste la personne de référence pour neuf personnes sur dix en ce qui concerne l’information sur la santé, selon une étude de la mutualité Solidaris. Le niveau d’information de la population est marqué par d’importantes inégalités sociales.
Solidaris a interrogé cet été quelque 670 personnes en Belgique francophone afin d’en savoir plus sur leur niveau d’information en matière de santé. Si huit répondants sur dix estiment avoir un bon niveau d’information, leurs connaissances réelles restent limitées. Ainsi, interrogés sur l’efficacité des antibiotiques, 18,2% ont estimé qu’ils permettent de guérir plus vite d’une grippe, alors que ces substances sont inefficaces contre les virus.
Pour 92% des répondants, les médecins donnent les informations les plus pertinentes et fiables en matière de santé. En revanche, la confiance dans les responsables politiques, l’industrie pharmaceutique, l’enseignement ou encore les médias s’érode. Internet, lui, arrive en 3e position – après le médecin généraliste et le spécialiste – lorsque les sondés doivent citer spontanément leurs canaux d’information. Près de trois quarts consultent le net pour se renseigner en la matière. 16% vont jusqu’à penser qu’une prise de renseignement sur le web peut dispenser d’une visite chez le médecin. À l’inverse, près d’un tiers (28%) déclarent avoir déjà consulté un médecin à la suite d’informations trouvées sur internet, ce qui fait de cet outil davantage un stimulateur qu’un frein à la consultation, selon Solidaris. “Le patient ne veut pas que son médecin le freine dans son utilisation d’internet qui doit donc être considéré comme une opportunité afin d’améliorer la consultation”, note Solidaris.
“Renforcer l’esprit critique des citoyens”
L’enquête relève par ailleurs d’importantes inégalités sociales en matière d’info santé. Si près de trois quarts des répondants déclarent comprendre facilement les informations écrites sur la santé dans les groupes socio-économiques favorisés, ils ne sont plus que 63,5% dans les catégories plus faibles. Solidaris recommande de renforcer l’esprit critique des citoyens via des actions de promotion de la santé dont pourraient se charger les mutuelles et les médecins. “Mais la mise en place de tels services nécessite d’importants investissements difficilement assumables sans une extension des budgets consacrés à la prévention, parent pauvre de nos systèmes de santé”, affirme la mutualité.
Pour cette dernière, certains thèmes sont acquis au sein de la population, mais l’information est insuffisamment mise en pratique. Elle conseille donc d’agir via d’autres leviers que les campagnes d’information classiques: réglementation (de certaines publicités par exemple); fiscalité (en matière d’alimentation); politiques publiques saines, milieux de vie favorables à la santé, transparence des tarifs de soin, etc. Pour les thèmes moins connus (dépression, antibiotiques, hypertension…), un travail de sensibilisation reste de mise.
Avec Belga – Photo : Belga/Jonas Roosens