Les syndicats rassurés à l’issue d’une consultation avec l’administration pénitentiaire

Les 4.000 condamnés qui devront se présenter à la prison à la suite de l’action de protestation annoncée par la magistrature seront renvoyés chez eux sur base d’une directive ministérielle, indique jeudi l’administration pénitentiaire. Cette dernière, appuyée par les syndicats, se mobilise pour éviter que les prisons ne se retrouvent plus débordées qu’elles ne le sont déjà.
Le ministère public s’insurge contre les mesures prévues par le gouvernement fédéral en matière de réforme des pensions des magistrats et du personnel judiciaire. En réaction, il compte, entre autres, revenir sur la suspension de la mise en exécution des peines d’emprisonnement de courte durée, comme demandé par le précédent gouvernement pour lutter contre la surpopulation carcérale. Depuis le mois d’octobre, environ 4.000 peines n’avaient ainsi pas été exécutées.
Une telle situation représenterait une “tragédie” au vu de l’actuelle surpopulation carcérale, selon les syndicats. Ces derniers se sont entretenus avec la direction générale des Établissements pénitentiaires (DG EPI), qui leur a assuré que les personnes condamnées à des peines de courte durée qui se présenteraient à la prison seraient renvoyées chez elles. “Une directive ministérielle le stipule”, a expliqué la porte-parole de l’administration pénitentiaire, Kathleen Van De Vijver. “Le ministère public n’en tient pas compte aujourd’hui. Mais cette directive n’a pas été abrogée et est valable jusqu’au 6 juin. Nous continuerons donc à la suivre.”
Cela signifie que l’administration pénitentiaire devra coopérer correctement avec les services de police, selon le secrétaire fédéral du syndicat socialiste ACOD/CGSP, Robby De Kaey. D’après lui, le tri des condamnés, normalement effectué par le ministère public, incombera désormais aux directeurs de prison. Dans le cas de condamnations pour terrorisme, agressions sexuelles ou violences intrafamiliales, les peines ne seront pas suspendues.
Le syndicat SLFP/VSOA affirme de son côté qu’il veillera strictement à ce que la sécurité du personnel ne soit pas compromise.
Plus globalement, les syndicats déplorent l’action des magistrats. “La magistrature connaît très bien la situation dans les prisons. Sa décision est hors de toute réalité et de toute humanité”, avait déclaré M. De Kaey plus tôt dans la journée.
L’administration pénitentiaire observe de son côté qu’elle n’avait pas reçu d’invitation de la part du Premier ministre Bart De Wever après lui avoir envoyé un courrier au sujet de la surpopulation carcérale. Le fait que les magistrats aient été reçus immédiatement par le ministre des Pensions, Jan Jambon, ne manque donc pas d’interpeller l’institution. “Cette réaction rapide contraste fortement avec l’absence de réaction aux nombreux appels provenant d’acteurs de terrain concernant la crise des prisons”, regrette Mme Van De Vijver. “Jusqu’à présent, seule notre ministre de la Justice s’est montrée impliquée dans ce dossier.”
Belga