Les parlementaires appelés à rendre l’IVG plus accessible lors d’une action à Bruxelles

L’objectif : dénoncer les entraves et les discriminations à l’accès à l’avortement en Belgique. “Chaque année, plus de 350 femmes ayant dépassé le délai légal de 12 semaines de grossesse doivent se rendre aux Pays-Bas pour subir une interruption volontaire de grossesse (IVG)”, pointe la plateforme Abortion Right.

Une action était organisée jeudi matin par la plateforme nationale “Abortion Right” dans les rues de la capitale. En hommage aux combats menés il y a cinquante ans par les organisations féministes qui organisaient le voyage en bus de nombreuses femmes vers les Pays-Bas pour avorter, un bus arborant une bannière géante “Nous devons encore avorter aux Pays-Bas – L’avortement est un droit, changez la loi”, a circulé dès 09h00 à Bruxelles, avant de s’arrêter sur la place Poelaert.

Une centaine de personnes étaient rassemblées pour écouter les prises de paroles. “Nous manifestons aujourd’hui pour demander aux parlementaires un changement immédiat de la loi relative à l’IVG. En Belgique, l’avortement est conditionné par des sanctions pénales qui pèsent encore sur les femmes et les médecins qui les aident”, a souligné la coordinatrice de la plateforme Abortion Right, Lucie Barridez. Concrètement, l’organisation faîtière réclame la “dépénalisation totale de l’avortement en Belgique, la suppression du délai obligatoire de réflexion ainsi que l’allongement du délai d’avortement jusqu’à 18 semaines” – contre 12 semaines actuellement.

► Relire | Abortion Right appelle les autorités à se positionner pour l’allongement du délai de l’IVG

Ces revendications font écho aux recommandations du rapport du comité scientifique sur l’avortement commandé par la majorité Vivaldi et rédigé par 35 experts de toutes convictions. Depuis plus d’un an, la plateforme nationale interpelle les parlementaires afin qu’ils mettent en œuvre ces recommandations. “Le 18 juillet dernier, la Chambre a finalement approuvé l’urgence sur une série de propositions de loi pour améliorer l’accès à l’IVG. Celles-ci seront prochainement examinées en commission justice. Mesdames et messieurs les parlementaires, sachez que nous avons suffisamment attendu et avons à présent les yeux rivés sur vous et vos travaux en commission”, a appuyé Lucie Barridez. “Renvoyer aux Pays-Bas des patientes belges nécessitant une IVG, c’est notre quotidien. Hier encore, une jeune fille de 15 ans n’a pas pu être renvoyée dans la semaine à Rotterdam par faute de disponibilité – les centres aux Pays-Bas étant débordés – nous avons donc dû l’envoyer en Grande-Bretagne”, confie la coordinatrice de la Fédération des centres de planning familial Sofelia, Jihan Seniora.

À l’occasion de la rentrée parlementaire fédérale, Abortion Right insiste particulièrement sur le caractère discriminatoire de la loi, “qui touche de manière disproportionnée les personnes les plus marginalisées et précarisées”.

Une IVG pratiquée à l’étranger (non-remboursée par la mutualité belge, donc) coûte “environ 1.200 euros à la personne concernée, sans compter les frais relatifs au trajet et au logement. Toutes les femmes ne sont donc pas égales face à cette alternative”, explique Jihan Seniora. “Nous luttons donc pour le droit d’avorter et celui de disposer de notre corps, mais aussi pour l’accès à ce droit-là pour toutes.” “Combien sont-elles, faute de moyens, mais aussi pour diverses autres raisons, à n’avoir pu entreprendre ce voyage et à être contraintes de mener une grossesse non-désirée?”, interpelle Abortion Right. Plusieurs personnalités politiques étaient présentes au rassemblement, dont le président du PS Paul Magnette, la députée PS Karine Lalieux, ou encore l’échevine à la Ville de Bruxelles Delphine Houba.

Belga

Partager l'article

19 septembre 2024 - 12h53
Modifié le 19 septembre 2024 - 12h53