Les naissances prématurées ont diminué de 60% en 2020

C’est un effet étonnant du confinement et de la covid-19. Les naissances de prématurées ont diminué dans tout le pays mais aussi dans tous ceux où un confinement a été décrété. En un an, le confinement a fait plus avancer la recherche que les études précédentes.

On ne connaît pas beaucoup les causes de la prématurité moyenne et légère. On sait qu’elle peut être liée à la morphologie de la mère, au stress, au milieu socio-économique mais parfois, cela reste un mystère. Depuis 5 ans, la fondation Bill Gates a mené une étude sur le sujet et a réussi à diminuer les naissances précoces de 5%. Pour le professeur Olivier Danhaive, chef du service de néonatologie des cliniques universitaires Saint-Luc, c’était déjà une avancée mais le confinement a fait bien plus“Dès les premiers mois, nous avons eu une diminution de 33% des naissances prématurées et nous avons contacté nos collègues dans d’autres pays qui ont enregistré le même phénomène.”

Instinctivement, on pourrait penser que le fait que les femmes ont moins bougé sur les derniers mois de leur grossesse a pu avoir un effet bénéfique. Elles ont fait moins de trajets, pas de sport alors qu’on ne le déconseille pas habituellement, ont subi moins de stress “mais cela reste à démontrer car pendant le premier confinement tout le monde était très stressé par la situation. C’est très difficile d’isoler un facteur mais nous allons devoir mener des études internationales pour comprendre ce qui a joué un rôle.”

Une autre explication apportée par le professeur Olivier Danhaive serait que les femmes se sont rendus moins souvent à l’hôpital pour le suivi de leur grossesse. Du coup, les médecins n’ont peut-être pas pu déceler certains signes inquiétants qui en temps normal auraient engendré un déclenchement d’accouchement. “Nos collègues pensaient qu’il y aurait plus de catastrophes comme des morts in utero et on s’est aperçu que cela n’était pas le cas. Je ne dis pas qu’il faut moins suivre les grossesses mais peut-être que nous agissons trop rapidement et qu’il serait bon de laisser le bébé plus longtemps.”

Ces recherches pourraient changer en profondeur notre vision et gestion de la grossesse dans les années à venir.

■ Interview du professeur Olivier Danhaive, chef du service de néonatologie des cliniques universitaires Saint-Luc par Vanessa Lhuillier