Les juges de paix bruxellois annoncent à leur tour leurs actions

Comme leurs collègues des différentes juridictions à travers le pays ces dernières semaines, les juges de paix de Bruxelles ont, à leur tour, annoncé lundi leurs mesures de protestation contre le sous-financement chronique du pouvoir judiciaire.

Ces juges de “proximité” qui s’occupent uniquement d’affaires civiles pour les citoyens (comme un litige concernant un contrat de bail ou des petits montants de facture impayée) débuteront leurs audiences par la lecture ou la distribution d’une lettre informative afin de sensibiliser les justiciables. En outre, les juges de paix reporteront eux aussi leur décision concernant le droit de mise au rôle de 50 euros (c’est-à-dire qu’ils détermineront plus tard qui doit s’acquitter de cette taxe perçue par le SPF Finances pour l’inscription d’une affaire à l’agenda).

■Reportage d’Arnaud Bruckner et Gauthier Flahaux

L’arrondissement judiciaire de Bruxelles ne dispose pas d’organe de gestion propre“, ont rappelé les magistrats de la justice de paix. Confronté depuis plusieurs années à la difficulté de recruter du personnel, le département relève que cinq juges de paix sur les 19 de l’arrondissement ne disposent pas d’un magistrat titulaire et que la plupart des greffes sont en sous-effectif.

Une grogne qui prend de l’ampleur

Une onde de ras-le-bol soulève les magistrats du pays depuis que le gouvernement de Bart De Wever a annoncé un plan pour réformer les pensions. Ils voient en effet leur retraite comme un des derniers incitants à embrasser leur vocation. Bâtiments délabrés, système informatique et équipement vétustes, nombreuses heures supplémentaires… La réalité de la profession ne fait plus rêver et décourage les candidatures, mieux servies dans le privé. Les magistrats le disent et le répètent depuis des années, en vain.

Considérée comme un traitement différé, “la pension des magistrats, comparable (donc) à une assurance groupe ou à une pension complémentaire, n’est pas seulement un composant essentiel de leur salaire“, a poursuivi le magistrat de presse Géry de Walque. “Leur niveau de rémunération est aussi une garantie de leur indépendance“, notamment économique, face aux pressions.

La réforme défendue par la coalition Arizona renforce également le sentiment d’injustice et d’abandon qui domine dans la magistrature après de longues années de sous-financement chronique du troisième pouvoir, ajoute M. de Walque. Si elle risque de pousser les futurs candidats et candidates vers d’autres professions, cette révision “menace de démotiver les magistrats actifs actuellement“. Une démotivation “dont les citoyens, qui cherchent justice, seront les premières victimes. Sur le plan sociétal, c’est la qualité de la justice qui est en jeu“.

Belga – Photo : Belga

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13 mai 2025 - 08h12
Modifié le 13 mai 2025 - 17h24

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