Les jeunes médecins ne sont pas assez informés sur l’avortement, selon la gynécologue Siham Zaytouni

Le 28 septembre signe la journée mondiale du droit à l’avortement. Dans de nombreux pays, ce droit n’est pas accordé aux femmes. Dans d’autres, il est remis en question. Siham Zaytouni, gynécologue obstétricienne, évoque la situation de la Belgique dans le 12h30.

En Belgique, près de 20.000 avortements ont lieu chaque année. Pourtant, les professionnels spécialisés dans l’IVG sont encore très peu nombreux. En cette journée mondiale du droit à l’avortement, Siham Zaytouni, gynécologue obstétricienne, explique, dans le 12h30, que c’est principalement lié à un manque de sensibilisation et d’information chez les jeunes médecins.

Dans les plannings familiaux, la grande majorité des médecins qui pratiquent l’IVG ont plus de 55 ans“, constate-t-elle. La principale raison est historique : “Eux ont connu une époque militante, dans laquelle ils étaient beaucoup plus sensibilisés à la problématique“, continue-t-elle, “alors que les jeunes générations ont pris pour acquis des droits fondamentaux“.

Cependant, l’actualité mondiale prouve que “rien n’est jamais acquis” selon elle, bien qu’il s’agisse d’un besoin de santé publique. Il est donc nécessaire de faire reconnaitre l’avortement comme un acte médical : “Étant donné le cadre législatif actuel, et le fait de toujours encourir des peines pour la patiente et pour le médecin pratiquant l’IVG, cela tend à dire qu’il ne s’agit pas d’un acte médical normal. Cela stigmatise l’acte médical“, évoque la gynécologue. “Au-delà du cadre légal qui doit permettre l’accès à l’IVG, il faut que ça suive au niveau de l’offre médicale“, poursuit-elle, “c’est là que le bât blesse actuellement en Belgique“.

Pour Siham Zaytouni, “80% des IVG se font en extra-hospitalier“, notamment par des médecins généralistes qui ont volontairement choisi de se former à cette pratique.

Une solution pourrait se trouver dans la formation des jeunes médecins. Aujourd’hui, à Erasme, une journée de débats tentera de répondre aux problématiques liées à l’IVG. Pour Siham Zaytouni, les cursus devraient également être revus. En effet, selon la gynécologue, l’IVG est actuellement mentionnée dans les syllabi “mais l’ampleur, à l’échelle de la santé publique, n’est pas suffisamment soulignée dans les cursus actuels“.

■ Interview de Siham Zaytouni, gynécologue obstétricienne, par Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier

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28 septembre 2022 - 14h00
Modifié le 28 septembre 2022 - 14h00