Les hôpitaux bruxellois craignent le manque de personnel pour les soins intensifs
Le nombre de patients en soins intensifs augmente dans les hôpitaux bruxellois et surtout, certains hôpitaux ont dû en fermer, car ils manquent de personnel.
Dans son ensemble, on assiste à une baisse des admissions de 14% depuis 7 jours, mais l’occupation en soins intensifs, elle, est toujours tendue. Actuellement, 206 personnes sont hospitalisées pour un covid 19 dans la capitale dont 68 personnes en soins intensifs.
Selon la Cocom, Bruxelles est loin de la saturation globale puisqu’on pourrait théoriquement monter à 269 lits en soins intensifs. Mais cela, c’est de la théorie. “Pour le moment, les hôpitaux atteignent les 30% de lits de soins intensifs réservés au covid, explique Inge Neven, responsable hygiène de la Cocom. En théorie, on pourrait monter à 269 lits, mais il manque du personnel et les hôpitaux craignent la saturation. Il faut dire qu’avec les projections que nous avons, si rien ne change au niveau du taux de vaccination, nous allons dépasser le nombre de patients de la seconde vague. Nous avons déjà fait la demande pour activer le transfert des patients entre les Régions, mais j’espère que les messages pour se faire vacciner vont passer et qu’on n’aura pas besoin de transférer des patients.”
Une réalité différente selon les hôpitaux
Aux cliniques universitaires Saint-Luc, 10 lits aux soins intensifs sont occupés par des patients covid. C’est environ 30% de leur capacité et cela représente une stabilisation par rapport à la semaine dernière, mais des lits ont dû être fermés à cause d’un manque de personnel.
Dans les hôpitaux d’Iris sud (Ixelles-Etterbeek), la capacité de lits covid est de 50%. Du côté du réseau Iris, on parle d’une vraie quatrième vague. Dans 2 des 5 sites, on a atteint les 50% de lits en soins intensifs dédiés au covid, mais il a fallu fermer un quart des lits car le personnel n’est plus là. Il est fatigué, a dû prendre ses congés et récupérer ses heures supplémentaires. Pour l’administrateur d’Iris, Etienne Wéry, cette affluence de patients est notamment due à la situation géographique des hôpitaux, dans des communes avec un faible taux de vaccination.
Au Chirec, on est dans le même cas de figure. Le directeur général médical du groupe, Philippe El Haddad, nous a confirmé devoir fermer des lits pour cause de manque de personnel. Il craint aussi une hausse de l‘absentéisme en septembre à cause des quarantaines de retour de voyage, mais aussi d’un ras-le-bol généralisé. En tout cas, la capacité des lits covid de 50% est déjà atteinte et cela aura des répercussions sur l’organisation de l’hôpital même s’il reste toujours en phase 1B.
À Erasme aussi, la situation commence à être tendue aux soins intensifs. “Nous avons entre 20 et 30% des lits en soins intensifs qui sont dédiés au covid, explique Jean-Christophe Goffard, directeur du service de médecine internet d’Erasme. Mais nous avons moins de personnel. Il est fatigué et on sent aujourd’hui une lassitude, car on s’aperçoit que ces hospitalisations pourraient être évitées si la population était plus vaccinée.”
Plusieurs de nos interlocuteurs ont insisté sur l’importance de la vaccination, car aussi bien dans les hôpitaux Iris qu’au Chirec, aucun des patients présents actuellement en soins intensifs n’est vacciné. A Erasme, sur tout l’été, deux personnes très âgées étaient vaccinées, les autres pas. Tous espèrent donc que les messages sur l’importance de la vaccination passera pour que Bruxelles réussisse à nouveau à éviter la saturation des hôpitaux.
■ Interviews d’Inge Neven, responsable hygiène de la Cocom et Jean-Christophe Goffard par Vanessa Lhuillier