Les finances de la Région bruxelloise ont du plomb dans l’aile : sa note se dégrade

La Région bruxelloise voit sa note dégradée par l’agence de notation Standard & Poor’s, qui juge le ratio d’endettement trop important, rapportent L’Echo et De Tijd vendredi soir. Le ministre bruxellois du Budget, Sven Gatz (Open Vld), estime que les conséquences à court terme de cette dégradation de la note sont limitées.

Standard & Poor’s a annoncé baisser la note attribuée à la Région de Bruxelles-Capitale à A+, contre AA- auparavant. Cette note, qui reflète la fiabilité de l’autorité régionale en tant qu’emprunteuse sur les marchés financiers, est ainsi réduite d’un cran. La note bruxelloise était sous la menace d’une dégradation depuis septembre 2022 : S&P avait, à l’époque, assorti le rating AA- d’une perspective négative.

Désormais abaissée à A+, la note est à présent accompagnée d’une perspective stable. La dette consolidée de la Région bruxelloise a fortement augmenté durant cette législature, atteignant 13 milliards d’euros fin 2023.

À court terme, les conséquences de cette dégradation de la note sont limitées“, tempère le ministre Sven Gatz. “Nous avons presque entièrement clôturé nos emprunts à des conditions encore avantageuses au cours des premiers mois de l’année en cours et nous avons également réparti nos risques avec deux emprunts importants auprès de la Banque européenne d’investissement“, commente-t-il dans les journaux économiques.

L’opposition dénonce la politique du gouvernement

Les partis de l’opposition n’ont pas tardé à critiquer la politique du gouvernement régional après cette annonce.

La tête de liste du MR à Bruxelles, David Leisterh, a réclamé du ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort (PS), qu’il convoque “sans délai” une réunion des têtes de liste régionales pour faire toute la transparence sur la situation et rendre des comptes sur les mesures d’urgence que le gouvernement compte prendre.

De son côté, le chef de file des Engagés bruxellois, Christophe De Beukelaer a également imputé la responsabilité de la dégradation de la note régionale au gouvernement Vervoort. “Voilà où mène l’irresponsabilité budgétaire de ce gouvernement. La dégradation de la note de la Région bruxelloise va augmenter le coût des emprunts et encore alourdir l’ardoise pour les citoyens“, a-t-il commenté.

La cheffe du groupe N-VA au parlement régional, Cieltje Van Achter, a pour sa part affirmé que “pendant cinq ans, la politique budgétaire de Bruxelles a consisté à accumuler les déficits, à faire dérailler le taux d’endettement et à ne pas respecter les règles budgétaires“.

Le budget est de la responsabilité de tous les ministres, estime Sven Gatz

La dégradation de la note du budget par Standard & Poor’s ne représente pas une bonne nouvelle. Après une législature difficile, marquée par d’importants investissements stratégiques supplémentaires dans la mobilité et par des dépenses nécessaires pour rendre les crises du Covid et de l’énergie soutenables pour les citoyens, les entreprises et les associations, les défis restent très importants“, a souligné samedi M. Gatz dans un communiqué.

Selon lui, le rating financier de la Région-capitale “passe de bon à moyen, tout en conservant un risque faible, à l’instar du Japon en tant que pays, la ville de Marseille ou la société de transport public de Londres“.

M. Gatz a également tenu à mettre en exergue le fait que malgré la dégradation de la note, la trajectoire pluriannuelle s’améliore nettement, dans la mesure où le budget 2024 est davantage conforme à celui de 2019 après les années de crise de 2020-2023. C’est lié selon lui à l’imposition d’un plafond d’endettement et à des économies permettant de réduire le déficit. “Mais cela s’est avéré insuffisant pour Standard & Poor’s. Il est à espérer que la gravité de la situation interpelle désormais l’ensemble du gouvernement bruxellois“, a-t-il ajouté.

Lire aussi | Budget bruxellois : Sven Gatz assure que la dette régionale reste dans “des marges gérables” (16/11/2023)

En octobre dernier, le ministre bruxellois des Finances avait à un moment donné quitté la table du conclave budgétaire bruxellois, mécontent de la hauteur, selon lui insuffisante, des efforts budgétaires que ses collègues étaient disposés à faire. Il avait alors exigé un retour à l’équilibre budgétaire. Le compromis trouvé permettait d’enclencher un processus d’économies. Mais il faudra aller plus loin, avait-il prédit.

À moyen terme, la tâche devient ardue, a concédé samedi le ministre libéral flamand : les investissements stratégiques devront être résorbés à un rythme accéléré et “de nouvelles recettes avec le projet durable de redevance kilométrique intelligente Smartmove s’imposent, comme le souligne également Standard & Poor’s“. (…) Le prochain gouvernement pourra établir une nouvelle trajectoire budgétaire… Il est dans l’intérêt de la Région de Bruxelles-Capitale que tous les ministres actuels et futurs en prennent conscience, et pas uniquement le ministre du budget“, a ajouté Sven Gatz.

Par ailleurs, le sous-financement chronique de Bruxelles devra également être remis à l’agenda politique, comme l’a récemment rappelé l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économiques) et comme l’a également souligné Standard & Poor’s, a-t-il conclu.

Avec Belga – Photo : Belga

Reportage de Lisa Saint-Ghislain, Karim Fahim et Paul Bourrières

Partager l'article

23 mars 2024 - 18h11
Modifié le 24 mars 2024 - 11h44