Les étudiants n’ont jamais été aussi nombreux à s’inscrire dans le supérieur
Il y a plus de 250.000 étudiants inscrits dans le supérieur en Fédération Wallonie Bruxelles. Ce chiffre est en constante augmentation depuis plusieurs années. C’est une bonne nouvelle mais cela pose tout de même plusieurs problèmes notamment de financement.
Nous n’avons pas encore les chiffres définitifs des inscriptions pour cette année 2021-2022 car les inscriptions dans les universités sont possibles jusqu’au 31 octobre. Par contre, à la même date l’an passé, les jeunes sont plus nombreux à avoir rempli leur formulaire. Dans les hautes écoles, on enregistre une augmentation de 5% du nombre d’étudiants et pour les universités, nous sommes à 10%.
Cette hausse, elle s’explique par deux facteurs. Tout d’abord, les bébés nés lors boom démographique qu’a connu la Région bruxelloise voici quelques années, arrivent en âge d’étudier dans le supérieur. Et il y a de plus en plus d’étudiant qui ont accès à l’enseignement supérieur et poursuivent donc leurs études après leur rétho.
Cela peut sembler être une excellente nouvelle sauf que le financement de l’enseignement supérieur ne suit pas la même courbe. Au contraire. Dans une étude du Service statistique de Wallonie sur le financement du supérieur en Fédération Wallonie Bruxelles, les chercheurs ont comparé les budgets pour l’ enseignement obligatoire et pour le supérieur. Entre 2000 et 2017, le budget de l’enseignement obligatoire a augmenté de 9,4% par enfant alors que pour le supérieur, il a diminué de 14%. Et si on regarde de plus près, le budget pour un étudiant à l’université a même diminué de 22%.
Pour Laurent Despy, administrateur de l’ARES, l’académie de recherche et d’enseignement supérieur, ce sous-financement a évidemment de nombreuses conséquences. “Cela veut dire que nous manquons de place mais aussi de matériel et de professeurs. Cependant, il faut continuer à fournir un enseignement de qualité sans refuser des étudiants. Il faut voir comment le parcours de l’étudiant s’organise. Nous attendons un décret important qui est e-Paysage et qui devrait nous fournir des statistiques intéressantes.”
Ce décret permettrait d’avoir des données statistiques sur les étudiants pour avoir des indications sur le financement, les passerelles ou le passage d’étude d’une filière à une autre. Il serait ensuite plus facile d’analyser le financement du supérieur. La question est aussi de savoir si les jeunes qui s’inscrivent, terminent leurs études. Ce décret devrait encore passer devant le parlement cette année.
Un refinancement structurel
La ministre de l’enseignement supérieur, la libérale Valérie Glatigny, a dit vouloir poursuivre le refinancement structurel. 20 millions d’euros ont déjà été débloqués mais l’enveloppe pourrait augmenter à 50 millions pour la fin de la législature.
Pour le milieu académique, ce refinancement est indispensable si on veut que les études restent accessibles financièrement au plus grand nombre. Laurent Despy de l’ARES ne pense pas que l’augmentation du minerval soit une solution crédible. “On a vu déjà les difficultés des étudiants pour payer les études lors de cette année. Augmenter le prix du minerval n’est pas une bonne piste. D’ailleurs de nombreux étudiants ne paient déjà pas le prix plein et sont aidés via des bourses. Quant à l’organisation d’examen d’entrée, je ne pense pas que cela soit une bonne chose car si un étudiant a des lacunes en rétho, il n’aura pas la possibilité de commencer les études de son choix.”
Valérie Glatigny a d’ailleurs aussi dit qu’elle ne voulait pas d’examen d’entrée. Par contre pour l’ARES, il serait possible de mieux répartir les étudiants et qu’ils ne s’engagent pas tous dans des filières très demandées. Il faudrait par exemple mieux renseigner sur les métiers en pénurie recensés par Actiris comme infirmier ou instituteur.
■ Interview de Laurent Despy de l’ARES par Vanessa Lhuillier
Photo: Belga- Ophélie Delarouzée