Les entreprises de travail adapté sont en danger à cause de la crise énergétique

La crise énergétique est dévastatrice pour tous les secteurs et notamment celui des entreprises de travail adapté. Celles-ci comptent se battre pour ne pas avoir à licencier les personnes porteuses d’un handicap qui y travaillent.

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La cuisine de Travie produit entre 800 et 1000 tiramisus ce matin, pour le compte d’un client qui fournit la grande distribution. Ce sont plus de 300 personnes porteuses d’un handicap, qui y travaillent. Le directeur de Travie, Jean Wouters, ne cache pourtant pas son inquiétude : “Là, nous avons une facture de gaz qui est en dépassement de plus de 200.000€ en six mois de temps. C’est tout à fait injouable pour nous d’intégrer ses coûts dans nos équilibres d’exploitation“, déplore-t-il.

À la crise de l’énergie s’ajoute un autre facteur aggravant : l’indexation des salaires de plus de 10%. Travie n’est pas la seule entreprise impactée par la crise de l’énergie, Sur les 12 entreprises de travail adapté (ETA) actives à Bruxelles, dix annoncent des budgets lourdement négatifs.

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Les négociations gouvernementales sur les budgets de la Cocof vont bientôt débuter. Benoit Ceysens, le président de la fédération bruxelloise des ETA demande de ne pas les oublier : “On demande au gouvernement de nous faire une aide exceptionnelle de 3 millions d’euros. On a estimé qu’à peu près 2.5 millions d’euros correspondaient à l’impact des indexations sur les fonds propres des entreprises, et on estime 500.000 à 600.000 d’augmentation en 2022 à cause des énergies. On verra en 2023, comment cela va se passer“, s’inquiète-t-il.

L’enjeu est de taille : maintenir l’emploi est vital pour les 1450 travailleurs concernés, car les ETA sont souvent le premier rempart contre l’extrême pauvreté. Une mise au chômage pourrait aussi mettre sous pression le secteur associatif encadrant. Le chômage serait dévastateur pour les travailleurs, selon Jean Wouters : “Pendant la période du Covid, on a eu des interruptions d’activité momentanées. On a vu que les personnes qui revenaient au travail après, étaient dans un état mental et moral pas bon“, se rappelle-t-il. “C’est vraiment important qu’ils puissent venir ici tous les jours. Donc il n’est pas question d’envisager de plans de restructuration. Nous allons nous battre pour continuer à faire notre mission principale“, ajoute le directeur de Travie.

L’entreprise refuse de répercuter ces surcoûts sur les clients qui peinent, eux aussi, à maintenir la tête hors de l’eau.

■ Reportage de Marie-Noëlle Dinant, Marjorie Fellinger et Loïc Rey