La progression du PIB plus faible à Bruxelles que dans les autres régions belges

Pendant l’été, le Bureau du plan en collaboration avec l’Institut bruxellois de la statistique et d’analyse (Ibsa), l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) et Statistiek Vlaanderen a sorti les projections économiques du pays mais également région par région pour la période 2019-2024. Pour la Région bruxelloise, les perspectives ne sont pas des plus optimistes si on prend les grands indicateurs que sont le PIB, le taux de chômage et le taux d’emploi. A chaque fois, Bruxelles est à la traîne par rapport aux autres.

L’indicateur économique principal qu’est le PIB (produit intérieur brut) devrait être en légère augmentation durant la période étudiée. Pour l’ensemble du pays, il se situera à 1,3% de croissance contre 1,6% sur la période 2015-2017. Le ralentissement de la croissance peut s’expliquer par un essoufflement européen. En Région bruxelloise, la progression du PIB serait sensiblement plus faible que dans les deux autres Régions. Elle atteindrait 0,9 % par an mais serait stable par rapport à celle observée durant la période 2015-2017 alors que celle de la Flandre se situerait à 1,9% par an et celle de la Wallonie à 1,2%.

On peut expliquer cette contre-performance par la structure de l’économie bruxelloise. En effet, les activités tertiaires sont prédominantes. Dans la partie du non-marchand, on retrouve aussi un déséquilibre dans la Région. La part des activités liés au monde bancaire et des assurances est en effet beaucoup plus importante que dans les deux autres entités du pays. Vu leurs mauvaises performances ces derniers temps, le PIB de la Région bruxelloise ne croît pas aussi vite qu’ailleurs.

La création d’emplois

On peut également se pencher plus en détail sur deux autres indicateurs que sont la création d’emploi et le taux de chômage. Pour la période 2018-2024, la création d’emplois au niveau national serait de 0,8%. En Flandre, on atteindrait les 0,9%, en Wallonie 0,7% et à Bruxelles, 0,4%.  Ces taux correspondent à une création nette de 3 000 emplois en moyenne par an en Région bruxelloise (ou 21 000 emplois cumulés sur la période), 26 000 en Flandre (182 000 emplois cumulés) et 9 000 en Wallonie (64 000 emplois cumulés).

C’est peu surtout que la population bruxelloise active devrait croître un peu plus rapidement même si on devrait enregistrer un ralentissement. En effet, les migrations vers les autres régions dépasseraient les arrivées d’une population en âge de travailler. Par contre, on enregistrerait un taux d’emploi plus important chez les plus de 50 ans et les pensionnés.

Ces évolutions de l’offre de travail et de la population active occupée se traduisent par un taux de chômage en baisse continue dans les trois Régions. Il passerait ainsi de 16,5 % en 2018 à 12,9 % en 2024 en Région bruxelloise, de 13,2 % à 10,7 % en Région wallonne et de 6,5 % à 4,7 % en Région flamande. Ces taux sont inédits dans l’ensemble des régions depuis les années 1980. La baisse importante et rapide des taux de chômage pourrait s’accompagner de risques, et notamment celui d’une pénurie de main-d’œuvre dans certains segments du marché du travail.

Un exode de la classe moyenne

Les personnes qui devraient quitter Bruxelles pour s’établir dans une autre Région sont souvent les personnes en âge de travailler et qui font partie de la classe moyenne. Elles quitte la capitale pour devenir propriétaire et offrir un autre cadre de vie à leurs enfants. Cela engendre une diminution des recettes fiscales pour la Région bruxelloise et dans les années à venir, si on en croit les projections du Bureau du plan, les déficits budgétaires bruxellois ne vont pas diminuer. En 2018, le déficit était de 368 millions d’euros. Pour 2024, on l’estime à 435 millions. En Flandre et en Wallonie, ce différentiel diminue drastiquement.

Des choix politiques

Pour tenter d’enrayer cette baisse, les politiques peuvent prendre des mesures en matière de création d’aide à l’emploi et de formation notamment. Ainsi, en commission des affaires économiques, Barbara Trachte (Ecolo), ministre de la transition économique, a pu répondre à l’interpellation du député libéral, David Leisterh. “Ces projections ne sont pas réjouissantes. Il sera primordial de tenir compte des évolutions escomptées “à politiques inchangées”, comme l’indique le rapport, afin de faire évoluer positivement ces indicateurs, grâce à la mise en œuvre de nouvelles mesures. C’est le travail du gouvernement pour ces prochaines années. A présent, nous devons poursuivre la création d’emplois et des emplois qui profitent aux Bruxellois. Il ne faut pas oublier non plus que la Région bruxelloise compte plus d’indépendants. Le gouvernement veillera à favoriser le climat entrepreneurial par des mesures de simplification administrative pour les entreprises, par l’harmonisation – et si possible la diminution – de la fiscalité relative aux entreprises au niveau régional et communal au moyen d’un pacte fiscal.”

Depuis la législature précédente, le gouvernement a mis en place des aides pour les incubateurs ainsi que des programmes pour soutenir les jeunes structures dans leur projet de création d’entreprise. Ecobuild, Lifetech ou encore Greenlab sont là pour ça et montrent de véritables success stories. Barbara Trach souhaite évidemment mettre l’accent sur les entreprises qui font de l’économie circulaire et du durable leur marque de fabrique.

“C’est une bonne chose mais il ne faut pas louper le tournant, ajoute David Leisterh. Comment peut-on faire pour passer à la vitesse supérieure? Bruxelles a des domaines dans lesquels elle excelle. Il faut encore les mettre en avant. On pourrait aussi créer des espaces ou des partenariats comme cela se fait en Flandre avec e-Make pour mettre en lien des chercheurs avec des investisseurs. C’est comme ça qu’on créera de la richesse. Et le mentorat avec JobYourself est aussi très important parce qu’il permet la création de sa propre activité. On peut stimuler les réussites individuelles qui s’inscrivent dans le succès collectif. Cela aidera également à financer les politiques de solidarité.”

Vanessa Lhuillier – Photo:BX1