Les clubs de foot bruxellois saturés : qui peut encore accueillir des jeunes joueurs la saison prochaine ?
Avec la fermeture du RSCA Heysel, remplacé par une académie privée plus lucrative, et la décision de mettre fin aux sections Iris de l’Union Saint-Gilloise, beaucoup de jeunes Bruxellois sont en recherche d’un nouveau club pour jouer au football dans la capitale. Mais il y a très peu de places disponibles et presqu’à chaque fois, des tests pour être admis. Etat des lieux.
Ce sont plusieurs centaines de jeunes footballeurs bruxellois qui doivent chercher un club pour la saison prochaine, qui commence en août, dans quatre mois. Quelles sont les possibilités et l’accessibilité de ces clubs dans la capitale ? Selon l’Association des clubs francophones de football (ACFF), on compte au total une quarantaine de clubs de football en région bruxelloise.
■ Explications de Rémy Rucquoi
Quelques mois après les sections Iris de l’Union, le choc des parents au RSCA Heysel
C’est le 14 mars que les parents des jeunes jouant pour le RSCA Heysel ont appris la nouvelle : “Le RSCA Heysel se transformera en Purple Star Laeken à partir de la saison 2025-2026″, ce sont les mots du club, qui précise que “les joueurs des U6 aux U11 qui souhaitent rejoindre le Purple Star Laeken seront prioritaires. Pour les joueurs du RSCA Heysel à partir des U12, nous sommes en pourparlers avec des clubs de la région”, dit le RSCA sans donner explicitement le nom de ces clubs.
Purple Star Laeken ne sera plus un club de football à proprement parler, mais une académie, ouverte en semaine et les week-ends, accessible à tous les joueurs selon les méthodes d’entraînement du RSC Anderlecht.
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Une annonce qui arrive tard, à quelques mois seulement de la fin de la saison. Cette académie coûtera surtout plus cher aux parents du RSCA Heysel souhaitant y inscrire leur enfant. Selon une maman que nous avons contactée, chaque séance d’entraînement au Purple Star Laeken coûtera 15 euros, bien plus cher à terme qu’une simple cotisation dans un club. Et les jeunes joueurs ne seront plus affiliés à un club. Il est d’ailleurs bien précisé sur le site de Purple Start que “bien que Purple START collabore officiellement avec RSC Anderlecht (matériel exercises et coaching) et que les séances se déroulent à la RSCA Foot Academy, ce n’est en aucun cas une garantie d’intégration au sein du club. Les scouts et les responsables techniques du RSCA sont les seules personnes habilitées à cet effet.”
Une académie donc réservée aux jeunes footballeurs de 5 à 12 ans. Tous les jeunes de plus de 12 ans se retrouvent sans club. On nous a également appris que certains entraîneurs ont été remerciés, ils n’ont pas été inclus dans le projet Purple Star.
Trois semaines après l’annonce, certains parents sont encore sous le choc : “On nous a dit qu’il y aurait un nouveau terrain synthétique pour la saison prochaine. On était très contents, mais finalement, on s’est rendu compte que ça ne nous était pas du tout destiné.”
Une histoire qui en rappelle une autre. La décision de l’Union Saint-Gilloise de mettre fin à ses sections Iris, le club saint-gillois disant vouloir “se concentrer sur les jeunes filles et garçons de la catégorie élite.”
500 jeunes footballeurs sans club
Selon nos estimations, ce sont donc 500 jeunes footballeurs qui se retrouvent sans club, victimes des décisions des deux équipes les plus performantes de la capitale. La question maintenant est de savoir s’il y a des possibilités pour ces jeunes de continuer à pratiquer leur sport la saison prochaine.
Des clubs bruxellois saturés, des tests pour rentrer : “On a l’impression que si vous n’avez pas un niveau élite, le foot n’est pas fait pour vous à Bruxelles”
Les parents qui se tournent désormais vers les autres clubs présents en région bruxelloise. Mais c’est une mission compliquée. “On nous demande toujours de passer des tests, et après on nous dit que finalement il n’y a plus de place, ou que votre enfant n’a pas le niveau”, témoigne une mère d’un jeune joueur de dix ans ayant joué au RSCA Heysel pendant deux saisons et qui a passé des tests dans plusieurs clubs, sans succès.
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Une situation qui peut sembler désespérante, surtout que les clubs organisent souvent leur journée de recrutement (talent day) en mars. Compliqué donc pour des parents qui n’ont été prévenus que mi-mars, alors que les jeunes renvoyés de l’Union Saint-Gilloise sont aussi en recherche. Une mère de joueur, souhaitant rester anonyme, nous dit : “On est profondément déçus, on a l’impression que si vous n’avez pas un niveau élite, le foot n’est pas fait pour vous à Bruxelles.”
Nous avons contacté la quarantaine de clubs présents en région bruxelloise, mentionnés sur le site internet de l’Association des Clubs Francophones de Football (ACFF). Arfim Kas, président du Kosova Schaerbeek, explique la difficulté pour certains clubs de la capitale d’accueillir davantage de jeunes dans leurs équipes : “Vu que nous n’avons qu’un seul terrain à disposition et vu la demande qui augmente, il faut faire des tests pour entrer dans notre club, pour les jeunes à partir de six ans.”
Même son de cloche au Racing White Woluwe : “Nous avons la chance de compter plus de 950 membres et 33 équipes en cinq ans d’existence. Côté inscriptions, c’est de plus en plus compliqué d’accueillir de nouveaux membres, surtout par manque de place, parce que les départs sont de plus en plus rares”, d’après un responsable du club.
Le Racing White Woluwe propose d’ailleurs aux plus de 200 jeunes présents sur leur liste d’attente de participer à des entraînements pour rester actifs en attendant une place dans une équipe.
Quelles solutions pour l’année prochaine ?
C’est la question que se posent beaucoup de parents en recherche d’un nouveau club pour leur petit garçon ou leur petite fille. Parmi les 43 clubs bruxellois que nous avons contactés, ceux qui nous ont répondu font majoritairement part d’un manque de place. Beaucoup sont donc obligés d’organiser des tests ou des talent days. “L’année passée, on a dû refuser 250 jeunes”, nous confie un responsable de club souhaitant rester anonyme.
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Une énorme demande et une offre limitée aux infrastructures disponibles. Seuls quatre clubs nous ont communiqué leur capacité à accueillir des joueurs la saison prochaine sans test préalable :
Le FC Dawn Anderlecht, qui promeut une politique inclusive voulant que tout le monde puisse jouer au football.
L’AS Brussels City, dont le responsable, Saïd Batik, dit “avoir développé une structure académique “foot pour tous” qui donne des entraînements aux enfants qui n’ont jamais joué au foot.”
Foot Fun Family Haren et KSPFC Haren, qui fusionneront la saison prochaine pour créer le Koninklijke FFF Haren. Le club est ouvert à tous, sans test requis. Les joueurs sont répartis dans les équipes A, B ou C en fonction de leur niveau et de la place disponible.
L’Olympic Brussels Academy, un club récent qui souhaite davantage se développer. Une journée de détection est prévue, mais tout le monde pourra jouer pour le club par la suite.
Une carte pour mieux comprendre
Pour permettre de comprendre la situation des jeunes footballeurs bruxellois et de leurs parents, nous avons constitué une carte reprenant toutes les informations que nous avons pu récupérer, avec les différentes possibilités d’inscription.
Vous pouvez faire glisser la souris sur la carte pour avoir plus d’informations sur les clubs, ou, sur mobile, appuyer sur le ballon proche de votre région pour plus de détails.
Rémy Rucquoi