L’édito de Fabrice Grosfilley : Les défis du nouveau président

Comment transformer l’essai ?  Ou, en termes managériaux, comment consolider un succès pour le rendre pérenne ? C’est la tâche qui attend désormais Yvan Verougstraete, nouveau président des Engagés. Le Bruxellois était déjà président par intérim, il est désormais président en titre, dûment élu. 89 % des suffrages, près de neuf voix sur dix, même s’il faut rappeler que son challenger, Marc-Antoine Athijsen, avait finalement annoncé son ralliement, et que l’élection était donc jouée d’avance.

En plus de son mandat de député européen, Yvan Verougstraete est désormais à la tête d’un parti qui a entamé ces dernières années une importante et spectaculaire opération de renouveau et d’ouverture. Un repositionnement qui a permis à l’ancien CDH de figurer parmi les vainqueurs des élections de juin dernier, et de monter au pouvoir à la Région wallonne, à la FWB, et bien sûr aussi au fédéral dans la coalition Arizona. Ce succès, il est à mettre à l’actif de Maxime Prévot. C’est lui qui a voulu et porté cette opération renouveau. Maxime Prévot, qui a donc décidé de passer la main en devenant vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. Cumuler la présidence du parti en plus n’était pas permis par les statuts du parti — et cela n’aurait humainement pas été possible.

Le choix d’Yvan Verougstraete s’est donc rapidement imposé comme logique. Puisque Vanessa Matz, Jean-Luc Crucke, Élisabeth Degryse sont devenus ministres, il fallait qu’un autre poids lourd puisse incarner le parti. Même s’il fait figure de recrue récente, Yvan Verougstraete n’est pas un inconnu. Son compagnonnage avec la famille sociale-chrétienne est ancien, et comme il est en prime auréolé d’une image de manager talentueux, il cochait toutes les cases pour relever le défi.

Ce compagnonnage date d’il y a 30 ans déjà. Yvan Verougstraete n’a que 18 ans quand il est élu plus jeune conseiller communal du pays à Woluwe-Saint-Pierre, en 1994. Il ne fera qu’un seul mandat. Diplômé en droit de l’UCLouvain, puis d’un master en commerce à la Vlerick Business School, il se lance dans le monde de l’entreprise. D’abord consultant en stratégie chez McKinsey, il devient, à seulement 27 ans, patron des épiceries Délitraiteur. Ensuite, il monte sa première boîte, Divine Cuisine, spécialisée dans la livraison de plats préparés à la grande distribution. Le succès est modeste, mais la machine est lancée.

Son coup de maître, c’est l’étape d’après : la chaîne Medi-Market. Fondée en 2014 pour « secouer » le secteur pharmaceutique, la petite start-up grandit vite, très vite, et ouvre rapidement une quarantaine de parapharmacies. Un exploit entrepreneurial. Yvan Verougstraete décroche le titre de « Manager de l’année ». Quelques années plus tard, il décide de revendre l’entreprise. Il n’aura plus de problèmes financiers — et il a du temps libre pour envisager de nouveaux projets. C’est dans ce contexte-là qu’il reprend contact avec son ancienne famille politique. Ça tombe bien : Les Engagés sont en pleine opération de renouveau. Ils cherchent des candidats venus de l’extérieur. Yvan Verougstraete annonce son ralliement. Il sera vice-président du parti et candidat tête de liste aux élections européennes.

Ce retour devant les électeurs se solde par un succès mitigé en ce qui le concerne. S’ils cartonnent en Wallonie et au fédéral, Les Engagés font de moindres scores à Bruxelles et au Parlement européen. La liste emmenée par Yvan  Verougstraete ne décroche qu’un seul siège. Pour lui, 63 530 voix de préférence — c’est neuf fois moins que les 543 000 voix de Sophie Wilmès. Cela n’empêche pas Yvan Verougstraete d’être désormais dans le cockpit. Il participe aux négociations fédérales. Maxime Prévot voit en lui le successeur qui lui permettra de lâcher le parti pour se concentrer sur sa propre destinée. La compétition électorale interne sera sans difficulté.

Pour Yvan Verougstraete, c’est donc maintenant que les choses difficiles commencent. Après le succès de 2024, lors des élections législatives de juin, puis lors des élections locales d’octobre, il faudra maintenir le parti à un niveau comparable — et éviter de jouer au yoyo. Il lui faudra aussi défendre les postions des Engagés dans un climat fédéral où les punchers sont bien présents. Lier une relation de confiance avec Bart De Wever, Georges-Louis Bouchez, Conner Rousseau et Sammy Mahdi, en faisant exister sa propre ligne. Et aussi savoir imprimer sa propre marque dans l’espace francophone. C’est un sacré défi.

Ecouter l’Edito de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles 

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