Le virologue Wathelet demande plus de rigueur scientifique à Sciensano, qui se défend
A l’heure où les écoles rouvrent leurs portes, le virologue Marc Wathelet, spécialiste des coronavirus, dénonce, dans une lettre ouverte publiée récemment dans les médias, une minimisation de la contagion par les enfants.
Il pointe notamment du doigt la communication de Sciensano, l’Institut scientifique de santé publique, qu’il qualifie de trompeuse. Le Dr Sophie Quoilin, épidémiologiste cheffe de service chez Sciensano, défend mardi l’Institut.
Pour Marc Wathelet, présenter le risque de contagion par les enfants comme négligeable s’inscrit dans une logique utilitariste visant à rassurer la population, mais sous-tend une “lecture biaisée de la littérature scientifique“.
Sophie Quoilin assure que de nombreux articles scientifiques traitent d’une contagion moindre par les enfants: “Ce qui est pour moi le plus délétère dans ce que nous vivons aujourd’hui, c’est ce genre de discours extrêmes qui sont relayés dans les réseaux sociaux et les médias et qui amènent la population belge à vivre dans la peur.” Elle estime que sa responsabilité est “d’avoir un discours clair et nuancé, qui est le reflet de ce que l’on connaît le mieux aujourd’hui“.
Marc Wathelet critique par ailleurs la présentation positive du taux d’occupation des hôpitaux par Sciensano, qui ne tient pas compte du pré-triage silencieux dans les maisons de repos sans lequel les soins intensifs auraient pu être saturés, les décès ayant été plus nombreux dans les homes que dans les hôpitaux. Or, une communication du Collège de Médecine générale francophone de Belgique fait bien état d’une règle appelant à “faire le tri pour éviter de saturer les urgences avec des patients dont l’espérance de vie est limitée”. “Bien sûr, il y a une fraction des patients qui serait de toute façon décédée, en particulier quand ils sont âgés“, concède Marc Wathelet. “Mais, par exemple, des patients auraient pu recevoir à l’hôpital de l’oxygène.”
Sophie Quoilin souligne que ce qu’il s’est passé dans les maisons de repos ne relève pas de sa responsabilité, que jamais une telle recommandation n’a émané de son institut et que Sciensano a fait de la Belgique un des premiers pays à tenir compte des décès suspects, preuve que sa restitution des données est particulièrement transparente.
Belga (Photo d’illustration : Instant Street View)