Le Spirito ne sera plus une boîte de nuit : “une vraie catastrophe pour Bruxelles”

La nouvelle est tombée ce matin : le Spirito ne sera bientôt plus une boîte de nuit.
“Nous venons de prendre la décision d’arrêter. On réinvente le Spirito à partir du 30 avril 2026. Ce ne sera plus une discothèque, c’est sûr et certain. Un restaurant, une salle de fête… Il peut y avoir plein de choses“, a annoncé Jérôme Blanchart, CEO du groupe Art Blanc, propriétaire des lieux, sur le plateau de Bonjour Bruxelles.
Les normes sonores imposées par Bruxelles Environnement, suite aux plaintes de riverains, ont forcé l’établissement à baisser le volume sonore de 20 %. Résultat : une perte de clientèle de 30 %. Un coup dur pour le chiffre d’affaires, qui pousse aujourd’hui à tourner la page.
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Pour Lorenzo Serra, président de Brussels By Night, cette cessation d’activité “est une vraie catastrophe pour Bruxelles”.
“Cette décision n’est pas un fait divers de plus, on parle de centaines d’emplois directs et de milliers indirects qui sont en jeu. L’activité nocturne est la quatrième raison pour laquelle un touriste choisit de venir à Bruxelles, ou pour une société internationale de choisir une ville plutôt qu’une autre. Il est temps que tout le monde réalise ça. On parle d’une activité locale, durable sur le long terme, qui a des effets d’attractivité à l’international. Si on laisse faire, l’effet domino sera violent” affirme-t-il.
Le Spirito, après le Fuse, et aux côtés du Mirano ou de La Cabane, incarne une série noire de lieux emblématiques menacés.
Lorenzo Serra évoque un climat où des petits et grands promoteurs immobiliers, suivent une logique de plus-value, et prennent le dessus sur les acteurs de la nuit. “Dans le cas du Spirito, ce sont des locataires qui ont emménagé récemment à quelques portes, et qui se plaignent aujourd’hui. Ce n’est pas tenable.”
Il évoque une problématique plus large : gentrification, manque de vision politique, absence de gouvernement régional. “On est coincés. Il est urgent qu’un gouvernement se forme afin de protéger le tissu actuel et planifier, enfin, cette activité nocturne sur le long terme. On ne peut pas continuer à opposer ceux qui vivent, ceux qui travaillent, et ceux qui font la fête.”
Malgré des “écoutes positives” du monde politique, les choses ne vont pas assez vite, selon Lorenzo Serra. “Il nous faut aujourd’hui un amendement, une reconnaissance dans les faits que la vie nocturne fait partie du patrimoine bruxellois. Il faut des garde-fous pour que la volonté d’un individu ne puisse pas anéantir une activité culturelle complète” conclut-il.