Le SNAP ! festival dédié aux travailleuses et travailleurs de sexe s’ouvre ce week-end

Ce festival se veut ouvert à toutes et tous pour démonter les clichés et les fantasmes de certains à travers des films, des tables rondes, des spectacles. Pour en parler, une des organisatrices de ce festival, Marianne Chargois, était l’invitée du 12h30.

La troisième édition du SNAP ! festival se déroule du 27 au 29 mai au Beursschouwburg à Bruxelles. Derrière l’acronyme SNAP, il faut comprendre “Sex workers narratives arts & politics”. L’objectif du festival ? “Donner la possibilité aux travailleuses du sexe de reprendre leur pleine place active dans les discours et les représentations qui les concernent”, explique Marianne Chargois. En effet, ajoute-t-elle, “les représentations cinématographiques sont pleines de travailleuses du sexe mais on y est systématiquement objectifiées. Finalement, les personnes concernées ont très peu de place“.  Par ailleurs, continue-t-elle, “la volonté du festival est aussi de ramener de la complexité, de l’hétérogénité dans les imaginaires qui concernent les travailleuses du sexe. On est des populations extrêmement diverses dans les profils, dans les activités. Il y a des spécificités, des enjeux très variés et c’est important de remettre ça sur le devant de la scène.”

De nouveaux enjeux

La première édition du festival a eu lieu en 2018. La situation des travailleuses du sexe a-t-elle évolué depuis ? “En Belgique, ça évolue. Mais en France ou ailleurs en Europe, c’est loin d’être le cas. Dans certains pays, on est plutôt sur une régression des droits des travailleurs du sexe, regrette Marianne Chargois. “En Belgique, on a la grande chance d’avoir la décriminalisation du travail sexuel qui a été votée, ce qui est un tournant majeur. C’est seulement le deuxième pays au monde qui a adopté une loi aussi progressiste. C’est vraiment à saluer. En ce moment, des discussions concrètes sont menées pour mettre en place un statut afin déterminer les droits sociaux des travailleuses du sexe. “

Mais malgré cette avancée du monde politique belge, certaines travailleuses du sexe en Belgique sont confrontées à d’autres problèmes à cause de leurs activités sur les réseaux sociaux. “Ce qui est tout à fait dramatique c’est que la gestion de ces nouveaux espaces publics est tout à fait laissée aux mains des entreprises privées comme Facebook“, déplore Marianne Chargois. “Ce sont des entreprises privées qui mettent des lois arbitraires et discriminantes envers les travailleuses du sexe. C’est aussi laissé au libre arbitre des sociétés bancaires. Certains systèmes de paiement comme Paypal, Mastercard suspendent l’accès à leurs moyens de paiement en décrétant que le travail du sexe est immoral. C’est un gros problème qu’on a en ce moment“.

Le programme et infos pratiques concernant ce festival sont à retrouver sur ce site internet.

■ Une interview de Vanessa Lhuillier