Le procès de l’assassinat de “Dido” à Matonge démarre ce jeudi : les bandes urbaines remises en lumière
Un procès important débute ce jeudi au Palais de Justice de Bruxelles. La cour d’assises doit juger sept hommes accusés d’un assassinat dans une galerie commerçante de Matonge. Un procès qui remet en lumière les tensions entre bandes urbaines dans la capitale.
Le dimanche 26 mai 2019, en plein après-midi, Dieudonné Boula, dit “Dido”, ancien membre de la bande urbaine « Mafia Africaine (la Maf) », est poignardé dans une galerie commerçante du quartier à Ixelles. L’homme a tenté de fuir, blessé, avant de finalement s’effondrer dans la rue d’Édimbourg, à quelques pas de la galerie.
Selon la police, il s’agirait d’une probable expédition punitive : “Dido” était dans la galerie quand deux véhicules se sont stationnées aux entrées pour bloquer ces accès. Sept suspects, aujourd’hui accusés de cet assassinat, ont ensuite attaqué “Dido” dans la galerie et l’ont poursuivi jusqu’à la rue d’Édimbourg, alors qu’il était déjà grièvement blessé. La victime était âgée de 32 ans, mariée et père de quatre enfants.
Ce procès a par ailleurs été retardé d’une demi-journée, rapporte Bruzz. Les avocats des six accusés présents au Palais de Justice estimaient en effet que le box vitré, utilisé comme lors de tout procès d’assises à Bruxelles, contrevenait à la Convention européenne des droits de l’homme. La défense a demandé au président de faire retirer la vitre afin de permettre une meilleure communication avec les avocats et de supprimer la présence des policiers, responsables de la sécurité du procès, dans le box. Le président n’a toutefois pas accepté cette demande, estimant que ces éléments ne constituaient pas une violation de la présomption d’innocence.
Ce procès remet en lumière le phénomène des bandes urbaines à Bruxelles : la Maf, les Black Wolves, les Versailles… Ces bandes urbaines sont connues depuis bien longtemps dans la capitale. Mais qu’est-ce qu’une bande urbaine ? Une définition a été proposée par le parquet de Bruxelles et les services de police : pour être considéré comme membre d’une bande urbaine, il faut être condamné sur la même année pour trois faits graves, soit pour des faits contre d’autres personnes, soit pour des faits liés aux trafics de stupéfiants, autour d’un même quartier ou de personnes du même groupe.
Une soixantaine de bandes
Selon La Libre, qui a interrogé des sources policières spécialistes des bandes urbaines, on compte aujourd’hui une soixantaine des bandes urbaines à Bruxelles. Mais les policiers interrogés disent surtout s’inquiéter de la violence qui s’installe dans ces bandes, avec l’utilisation de plus en plus récurrentes d’armes à feu. Ces policiers indiquent toutefois que les tirs ont plus souvent comme objectif d’intimider plutôt que de tuer. Ces violences émanent principalement autour des trafics de stupéfiants, mais aussi de tensions entre ces groupes.
Les bourgmestres se disent souvent désemparés face à ces violences. La police et la justice demandent globalement des moyens supplémentaires pour faire face à ces bandes, mais plaident avant tout pour un travail de prévention dès le plus jeune âge afin de montrer que travailler pour les bandes urbaines signifie tomber dans une spirale infernale de violence. Les associations de terrain font un travail important à ce sujet et les zones de police bruxelloises préconisent un soutien plus important envers celles-ci.
Les communes demandent également des moyens supplémentaires, comme certaines l’ont fait auprès de la ministre de l’Intérieur début septembre, afin de mieux contrer ces bandes.
■ Chronique de Grégory Ienco dans Le 12h30.
Photo : Belga