Le nouveau statut d’artiste est difficile à obtenir et à conserver

Redéfini depuis le 1er octobre, le statut d’artiste tient désormais compte de l’intermittence du métier. Les salaires sont aménagés et l’obtention du statut en tant que tel est simplifiée. Problème : il doit régulièrement être renouvelé et certains artistes se retrouvent à devoir prouver plus de jours de travail pour bénéficier du chômage non-dégressif.

Margaux et Célia ont déposé leurs dossiers de renouvellement de statut d’artiste pendant la période Covid. Elles pensaient bénéficier de la nouvelle réforme dans laquelle elles pouvaient prouver 156 jours de travail sur les 24 derniers mois. Pourtant, avec le gel des dossiers, ce temps est limité à 18 mois, comme auparavant. “156 jours artistiques, c’est 156 contrats“, nous explique Célia Tranchard, musicienne. “Pour avoir un contrat de travail, bien souvent, on a une ou deux semaines de travail invisibilisées. Il y a des secteurs ou c’est carrément une année de travail invisibilisé pour ensuite avoir six mois, trois mois ou deux mois d’engagement“, regrette-t-elle.

Ces artistes voient ainsi leurs droits limités avec un chômage dégressif, ce qui pousse à la précarité : “En étant femme, en étant enceinte, en étant famille monoparentale, on a moins de contrats, forcément. Donc, on doit absolument être sécurisées par le chômage“, justifie Célia.

Une usine à gaz ?

Une réforme qui ne règle pas tous les problèmes et qui apporte aussi son lot de confusion entre plusieurs acteurs : “Les décisions prises sont d’abord gouvernementales, puis l’ONEM en fait une interprétation qu’elle transmet aux syndicats. Ceux-ci sont là pour défendre nos droits, donc eux-mêmes, font une interprétation de l’interprétation de l’ONEM, qu’ils nous transmettent ensuite“, expose Margaux Laborde, comédienne.

La réforme simplifie l’accès au statut d’artiste, mais pour le renouveler, c’est une autre histoire. Le temps pris à la paperasse administrative pour prouver plus de jours de travail artistique est alors du temps perdu à la création. “Cette attestation va être un énorme dossier à constituer dans lequel ils vont devoir expliquer ce qu’ils font, quels sont leurs revenus, de quel auteur sont leurs revenus. Tout leur travail de recherche, ils vont devoir le prouver. Cette attestation va être difficile à obtenir“, déplore Marc Scius, Permanent CSC Culture.

La suite de la réforme entre en vigueur ce mois-ci. Une commission du travail des arts est créée, composée à moitié d’artistes, chargée de délivrer ce précieux statut.

■ Reportage d’Anaïs Corbin, Morgane Van Hoobrouck et Hugo Moriamé