Le documentaire “Éclaireuses” se penche sur la scolarisation des enfants provenant de zones de conflit
“On dit qu’un enfant de 12 ans qui n’a jamais été à l’école est “en retard”. Mais il est en retard en tant qu’élève, pas en tant qu’enfant, pas en tant que personne”, souligne Lydie Wisshaupt-Claude, la réalisatrice d'”Eclaireuses”.
Certains enfants qui viennent de zones de conflit ont des difficultés à intégrer le réseau scolaire belge. C’est en partant de ce constat que Marie et Juliette ont quitté le réseau traditionnel pour ouvrir “La petite école” afin de proposer un apprentissage individualisé à ces enfants. Leur méthode hors des sentiers battus a intrigué la réalisatrice Lydie Wisshaupt-Claude et elle a consacré le documentaire “Éclaireuses” sur ce projet. Interviewée dans le 12h30, Lydie Wisshaupt-Claude nous partage ses découvertes.
Comment avez-vous l’idée de réaliser ce documentiare ?
Lydie Wisshaupt-Claude: “Marie et Juliette écrivaient des textes sur leur blog et j’ai eu envie de les rencontrer. En les rencontrant, je me suis dit ‘il y a quelque chose à faire ici’.”
La petite école est une sorte de cocon pour les enfants, certains n’ont d’ailleurs jamais été scolarisés. Comment vous avez réussi à vous faire accepter ?
“Au début, Marie et Juliette m’ont dit que jamais une caméra ne pourrait entrer dans ce lieu, car les enfants étaient trop fragiles. Et puis je pense aussi que c’est compliqué pour un enseignant d’avoir un regard extérieur. Mais on a pris le temps, on a débattu sur le dispositif idéal. Il a fallu que je fasse partie du cadre, que je tisse un lien de confiance avec les enfants. J’ai donc passé trois mois dans l’école à observer ce qu’il se passait.”
Pour certains enfants, il y a aussi cette barrière de la langue qui complique encore les choses ?
“Justement, j’ai eu l’impression qu’il n’y avait pas de barrière. Le travail n’était pas conçu autour de ça. L’apprentissage de la langue se fait de lui-même. Les enfants ont déjà des parcours de vie où ils ont été capables de s’adapter à tellement de choses, que la langue c’est un peu quelque chose d’accessoire en fait.”
La petite école permet aussi à ces enfants leur donner confiance ?
“Dans les instituions scolaires [classiques ndlr], on ne sait pas où les mettre. On dit qu’un enfant de 12 ans et qui n’a jamais été à l’école est “en retard”. Mais il est en retard en tant qu’élève, pas en tant qu’enfant, pas en tant que personne. Il est parfois trilingue, il a parfois déjà travaillé. Il est plein de tout le reste. “
■ Interview de Vanesse Lhuiller – Photo : Extrait du documentaire “Eclaireuses”