Le bourgmestre de Saint-Gilles dénonce une performance aux allures pro-Hamas, les organisateurs se défendent
Celles-ci montreraient, selon lui, un simulacre pouvant être interprété comme une apologie du Hamas, avec en fond sonore le slogan “From the river to the sea” – une formule ambivalente niant l’existence d’Israël dans certains usages pro-palestiniens, celle de la Palestine dans des usages pro-israéliens.
Le bourgmestre de Saint-Gilles, Jean Spinette, a vivement dénoncé lundi des images circulant sur les réseaux sociaux, extraites d’une mise en scène organisée ce week-end dans le cadre du Festival Résistance.
■ Jean Spinette, bourgmestre de Saint-Gilles, au micro d’Emilie Vanhemelen
“Je partage l’indignation à la découverte de ces images”, a déclaré le bourgmestre. Le maïeur socialiste a rappelé avoir demandé un avis à la police avant d’autoriser l’événement, comme pour chaque manifestation publique. “Les éléments en notre possession ne permettaient pas une interdiction a priori, sans mettre en péril la liberté d’expression.” Il affirme toutefois avoir mis en garde l’organisatrice contre tout débordement susceptible de porter atteinte à la cohésion sociale de la commune. Dans le courrier d’accord transmis aux organisateurs, la commune avait fixé plusieurs conditions : aucune référence explicite ou implicite au Hamas, ni au Hezbollah ; aucun appel à la haine ou à la violence et un strict respect de la cohésion sociale. “À la vue de ces images, je constate qu’il n’en est rien”, a estimé Jean Spinette, qui évoque des appels à la violence et une possible apologie du terrorisme.
Le bourgmestre a indiqué analyser les mesures à prendre, notamment avec la police. “Je n’en resterai pas là”, a-t-il souligné, annonçant envisager une éventuelle transmission au parquet.
Le président du Mouvement réformateur, Georges-Louis Bouchez, accuse pour sa part le Saint-Gillois de duplicité dans sa gestion du dossier. “Mauvaise comédie de Jean Spinette, qui était parfaitement informé de cet événement et des radicaux qui le composaient puisqu’il a été informé dans un courriel dont j’ai la copie”, écrit-il sur la plateforme X. Selon lui, le bourgmestre socialiste “a préféré ne pas agir pour ne pas brusquer ses amis de gauche”. Le président du MR appelle à “interdire ces associations qui attisent la haine” et estime que le Parti socialiste “devrait retrouver une boussole morale de toute urgence”.
Mauvaise comédie de @JeanSpinette qui était parfaitement informé de cet événement et des radicaux qui le composaient puisqu’il a été informé dans un courriel dont j’ai la copie. Il a préféré ne pas agir pour ne pas brusquer ses amis de gauche. Il est grand temps d’interdire ces… pic.twitter.com/XDvdVyrQre
— Georges-L BOUCHEZ (@GLBouchez) June 9, 2025
L’ambassadrice d’Israël en Belgique, Idit Rosenzweig-Abu, a également réagi avec force sur X. “De nombreuses personnes m’ont envoyé ces images. Je n’en ai pas parlé plus tôt car je n’arrivais pas à croire que c’était réel. Mais ça l’est. Ici, à Bruxelles. Une reconstitution du massacre du 7 octobre. Du sang, des corps au sol, tout y est. Comment est-ce possible que cela se passe en Belgique ?”, a-t-elle dénoncé.
Le Festival Résistance, organisé du 6 au 8 juin sur la place de Bethléem et au Pianofabriek, se présente comme un événement au soutien des luttes de libération, avec un accent particulier sur la résistance palestinienne, autour de la thématique : “le combat pour la liberté et la dignité des peuples”.
Les organisateurs du Festival Résistance se défendent d’attiser la haine
“Il ne s’agissait ni d’un appel à la haine, ni d’une référence à une organisation armée, mais d’un cri artistique pour la dignité et la justice”, clament avec vigueur les organisateurs du Festival Résistance lundi après-midi, réagissant aux critiques visant une performance théâtrale présentée ce samedi à Saint-Gilles. Celle-ci a été interprétée par certains observateurs comme une apologie du mouvement palestinien islamiste Hamas. Le bourgmestre de la commune bruxelloise Jean Spinette a estimé que “plusieurs images pouvaient être interprétées comme un appel à la violence”, annonçant examiner les suites judiciaires possibles avec la police.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit des hommes en treillis, certains avec le visage dissimulé par un keffieh, déambulant entre des corps gisant au sol. Ils miment des gestes de tirs avec de simples béquilles. Cette séquence, filmée place de Bethléem, a été conçue par un jeune Palestinien de Gaza et entendait, selon les organisateurs, “dénoncer l’impunité israélienne face aux violences commises dans les territoires palestiniens“. Elle met en scène l’assassinat de civils – un enfant, un journaliste, un soignant – par l’armée israélienne, l’arrestation d’un Palestinien, puis l’arrivée de la résistance, incarnée symboliquement par des figures “non armées”, qui libèrent le prisonnier. “Le message transmis est donc celui que, dans le contexte de l’impunité israélienne, de l’inaction des gouvernements du monde, le peuple palestinien résiste et n’attend sa libération que de lui-même”, précisent les collectifs à l’origine du festival. Sidérés par les réactions, ils insistent sur le “caractère artistique et allégorique de la représentation théâtrale”, dans le respect des conditions fixées par la commune : aucun lien explicite ou implicite au Hamas ou au Hezbollah, aucun message incitant à la haine.
Belga