L’AfricaMuseum ouvre samedi, avec sa première nouvelle exposition depuis les années 1950

L’AfricaMuseum, ancien Musée royal de l’Afrique centrale, situé à Tervuren, rouvre officiellement ses portes ce samedi après avoir subi une profonde rénovation. Une nouvelle exposition permanente sera accessible au public dès dimanche, une première depuis les années 1950.

L’idée de rénover le musée a germé en 2001. La dernière exposition permanente datait des années 1950, soit avant la décolonisation de l’Afrique. C’est dire si la vision présentée du continent africain ne correspondait plus au monde actuel. Tout un processus a dès lors été enclenché pour “décoloniser” le musée et tenter d’apporter un regard critique sur une période sombre du Royaume. “Construire ce nouveau regard prend du temps“, souligne le directeur général de l’AfricaMuseum, Guido Gryseels.

En outre, l’histoire coloniale reste sensible en Belgique. “Le discours sur le passé colonial a fortement changé ces vingt dernières années“, avance Guido Gryseels. Par ailleurs, après l’indépendance des pays colonisés, “le musée a perdu une partie de ses moyens. L’aspect muséal a un peu été mis de côté et l’accent a été posé sur la recherche scientifique (le musée emploie 85 chercheurs, ndlr), ce qui explique que l’exposition n’a pas évolué“, poursuit-il. Le regard critique porté sur la colonisation “résulte d’une synthèse” des contributions d’experts africains et européens mais aussi de la diaspora africaine. “Nous présentons plusieurs opinions et c’est au public d’élaborer sa propre vision“, insiste le directeur général.

Pour critiquer le colonialisme, un système “non éthique, raciste, violent”, le musée a trouvé quelques astuces. Notamment dans la salle du mémorial aux 1.508 Belges morts au début de la période coloniale (1897-1908). L’oeuvre “Ombres” de l’artiste congolais Freddy Tsimba, y a été ajoutée. Les noms de sept Congolais morts en 1897 lors de l’Exposition universelle ont été inscrits sur les fenêtres et le soleil projette leurs ombres sous le mémorial déjà existant.

La nouvelle exposition aborde aussi l’histoire de l’institution, née en 1897 sous le nom de musée du Congo. Ce dernier est vu par Léopold II comme “un outil de propagande de son projet colonial“, explique l’AfricaMuseum. “Dès sa création, le musée a encouragé militaires, fonctionnaires, missionnaires, commerçants et scientifiques occidentaux travaillant au Congo à y collecter des objets. Un butin de guerre obtenu lors de confrontations violentes, ce dont le musée ne faisait cependant pas étalage.” Les relations avec la diaspora ont parfois été tendues, admet Guido Gryseels. “Certains partenaires ne voient pas concrètement comment leur collaboration a été intégrée dans le nouveau musée“, explique Primrose Ntumba, collaboratrice pour les relations et le partenariat avec la diaspora africaine.

Après cinq ans de fermeture pour travaux, le public pourra découvrir l’exposition mais aussi la nouvelle aile, entièrement vitrée, qui fait office d’accueil. Elle est reliée au bâtiment historique, classé, par un souterrain. La superficie du musée est passée de 6.000 à 11.000 mètres carré. L’inauguration officielle se tiendra samedi matin, en l’absence du Roi, pour des raisons d’organisations pratiques et parce que des débats restent en cours, notamment sur la restitution d’oeuvres.

Belga