La stratégie de vaccination revue : quel est le programme à Bruxelles ?

Au terme d’une Conférence Interministérielle (CIM) Santé publique, ce mercredi, les autorités ont décidé de mettre en place plusieurs adaptations quant à la stratégie de vaccination.

Se basant sur les recommandations des experts du Conseil Supérieur de la Santé, les différents ministres de la Santé ont, ce mercredi, adopté de nouvelles dispositions quant à la stratégie de vaccination. Quelles sont ces décisions, et comment les mettre en perspective ? On développe ces dernières modifications, point par point.

Le vaccin AstraZeneca désormais autorisé pour les plus de 55 ans

Le vaccin produit par AstraZeneca pourra donc être utilisé aux mêmes conditions que celui de Pfizer : il n’y a plus de limite d’âge, alors qu’auparavant ce vaccin était limitée aux moins de 55 ans. Cela enclenche donc, de facto, la phase 1B de la vaccination, celle de nos aînés.

Ainsi, les premières convocations partent dès aujourd’hui. “Elles partiront ce soir, on est en train de configurer tout le planning des neuf centres qui seront ouverts dans les semaines qui viennent“, indique Inge Neven, “Les invitations partiront ce soir pour les personnes de plus de 75 ans, qui vont recevoir une invitation par mail ce soir ou demain, et par courrier début de semaine prochaine. Là, les gens auront le choix de s’inscrire au centre de Pacheco ou du Heysel, dès maintenant, ou bien d’attendre encore jusqu’au 15 ou 22 mars, quand tous les autres centres ouvriront“. Ainsi, les gens pourront choisir de se faire vacciner directement, ou bien d’attendre pour aller dans le centre proche de chez soi.

Les premières vaccinations des plus de 75 ans pourraient donc avoir lieu demain, si certains qui reçoivent la lettre ce soir s’inscrivent pour demain. Sinon, le grand afflux devrait arriver la semaine prochaine, et quand les autres centres ouvriront“, ajoute-t-elle.

Pour rappel, à partir du 15 mars, ce sont les centres de Woluwe-Saint-Pierre, de Schaerbeek, de Molenbeek et de Forest qui ouvriront et, à partir du 22 mars, les centres d’Uccle, de Woluwe-Saint-Lambert et d’Anderlecht.

Interview de Inge Neven, reponsable du service d’hygiène en Région bruxelloise

Néanmoins, il existe certaines priorités dans cette nouvelle stratégie de vaccination : à Bruxelles, ce sont les plus de 75 ans qui seront invités dans un premier temps. Il s’agit ici d’un point de divergence entre les différentes régions, puisque la Wallonie a opté pour le cap des plus de 65 ans, tandis qu’en Flandre ce sont les plus de 85 ans.

Mais pourquoi ces différences entre les différentes Régions ? “On commence tous par la même chose : on va aussi commencer par les personnes les plus âgées, et puis progressivement : 85 ans, 75 ans puis 65 ans. Je pense que ce sera début de semaine prochaine, tout dépend du volume de personnes dont on parle et du moment auquel ils vont être convoqués pour prendre rendez-vous. Tout le monde ne pourra pas prendre rendez-vous directement, certains dans les prochaines semaines“, explique Inge Neven.

L’usage plus flexible de la seconde dose Pfizer

Autre élément décidé lors de la CIM de ce mercredi : davantage de flexibilité pour l’usage de la deuxième dose du vaccin Pfizer. “Actuellement, l’approvisionnement en vaccins Pfizer est stable. Ce faisant, la Task Force recommande aux entités fédérées de réduire le stock-tampon pour les deuxièmes doses (à maximum une semaine). Cela permettra de libérer immédiatement environ 170.000 doses, qui pourront être administrées plus rapidement aux personnes âgées“, indique le communiqué de la CIM.

De même, le délai entre l’administration des deux doses Pfizer pourrait évoluer. Jusqu’ici, ce délai était de 21 jours, mais les autorités auront désormais la possibilité, sous conditions, de faire évoluer ce délai jusqu’à 35 jours, sous réserve également d’un avis de l’Agence européenne des Médicaments et d’une analyse juridique complémentaire.

Jusqu’à présent, on reste bien sur les 21 jours, une analyse juridique doit encore être faite, et ce sera aussi uniquement dans des situations épidémiologiques qui nécessitent une accélération. Pour nous, très concrètement, ça nous permet de gagner une fois 2 semaines, donc plus ou moins 20.000 doses qu’on peut injecter un peu plus vite“, nous explique Inge Neven.

Pas de réel changement quant aux comorbidités

Ces derniers jours, le ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron (Ecolo), plaidait pour un abandon du critère de comorbidité, sauf exceptions, afin de faciliter la stratégie de vaccination en fonction de l’âge.

► Article | Alain Maron souhaite baser la campagne de vaccination sur l’âge uniquement

Il n’y a finalement pas eu d’accord au sein de la CIM sur ce point. “Nous ne sommes pas encore rentrés dans la phase de la stratégie dans laquelle des personnes ayant des comorbidités seront vaccinées en priorité. Cette phase sera entamée au regard des performances informatiques de l’outil d’invitation, et de l’accord de coopération sur l’échange des données“, lit-on dans le communiqué de la CIM, “Toutefois, pour certaines comorbidités les plus sévères et suivies régulièrement à l’hôpital, il sera demandé au secteur s’il est possible de les vacciner à l’hôpital“.

Sur ce dernier point, on nous informe que, comme en Wallonie, on vaccinera prochainement certaines personnes à risque, dans les hôpitaux où elles sont traitées. “On a eu une réunion avec la coupole des hôpitaux hier, et on a convenu que pour les gens avec des comorbidités très spécifiques, comme ceux en dialyse, ou en chimiothérapie, doivent avoir un vaccin à ARN. Un mail est parti ce matin aux différents hôpitaux pour lancer ces initiatives“, explique Inge Neven.

Ce qui n’est pas passé : le passage à la dose unique

Une question était également sur la table du Conseil Supérieur de la Santé, et a donc été débattue hier lors du CIM : le passage à la dose unique pour les vaccins Pfizer. “Sur base des conclusions du Conseil Supérieur de la Santé, la Task Force maintient sa stratégie précédente qui consiste à toujours administrer deux doses afin d’offre une protection optimale aux personnes vaccinées“, indique le communiqué commun des différents ministres. Cette décision fait suite au développement progressif des nouveaux variants dans le pays.

 

Arnaud Bruckner – Photo : Belga

Partager l'article

04 mars 2021 - 14h21
Modifié le 05 mars 2021 - 10h08