La station Aumale désignée “hotspot” : quelles conséquences pour le quartier ?

Ce mardi au Conseil des affaires intérieures, Rudi Vervoort (PS), ministre-président de la Région bruxelloise, a annoncé la future désignation des abords de la station de métro Aumale, à Anderlecht, comme “hotspot”. Qu’est-ce que cela veut dire et quels changements pouvons-nous attendre pour la zone ?

Avec quatre fusillades en à peine plus d’une semaine, la situation autour du métro Aumale devient critique. Même si la présence policière avait déjà été renforcée dans le quartier, il était visiblement temps d’intervenir davantage. Rudi Vervoort (PS), Ministre-Président de la Région bruxelloise, a donc annoncé que la zone d’Aumale était, dès aujourd’hui, considérée comme un “hotspot”.

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Eviter l’effet “drive-in”

La commune avait déjà augmenté la présence policière dans la zone. Elle a maintenant annoncé la mise en place de blocs de bétons ce mercredi, au niveau des rues de la Vérité et du Souvenir. Elles desservent directement la station de métro Aumale. Le but de ces installations est d’éviter l’effet “drive-in”, à savoir, d’empêcher les acheteurs potentiels d’accéder à la zone. En complément de ces blocs, de nouvelles caméras de surveillance, mais aussi davantage d’éclairages publics devraient aussi être installés dans le quartier.

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En tant que “hotspot”, Aumale va maintenant pouvoir bénéficier de moyens supplémentaires. Contacté, le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps (PS), nous annonce qu’il va désormais pouvoir faire appel à la police du rail pour sécuriser davantage la station. À côté de cela, certaines pistes sont encore à l’étude, tandis que d’autres ont été écartées. “Une interdiction de fréquentation de lieux sans justificatifs, comme au Peterbos, n’est pas envisageable ici. Il serait difficile de demander aux usagers de la station de justifier leur passage. En revanche, nous pourrions, peut-être, cibler certaines personnes avec ces interdictions de fréquentation”, explique Fabrice Cumps.

“Une formule qui arrive à bout de souffle”

Les différentes forces politiques d’Anderlecht saluent à l’unanimité la désignation de la zone d’Aumale comme “hotspot”. “Une décision qui arrive trop tard” pour Gaëtan Van Goidsenhoven, tête de liste MR-Open VLD-Les Engagés-CD&V. “Cela fait au moins deux ans que nous sommes concernés par l’insécurité grandissante dans la zone d’Aumale. Nous avions d’ailleurs déjà attiré l’attention sur celle-ci lorsque la liste des «hot spots» a été établie“. La liste DéFI regrette également que l’on ait “laissé la situation en arriver là” et s’inquiète du timing choisi, craignant une décision purement électorale, à cinq jours du scrutin.

Mais c’est du côté d’Ecolo-Groen que l’on est le plus critique. Pour les Verts, les “hotspots”, c’est “une formule qui arrive à bout de souffle. Cela ne fait jamais que déplacer le problème“, réagit leur tête de liste, Nadia Kamachi. Elle ajoute qu’il faut “absolument prendre en compte le tissu associatif dans les problèmes d’insécurité et régler le problème par là aussi“. Un constat partagé par le PTB/PVDA qui appelle surtout à “ne plus faire reposer la responsabilité de la sécurisation de ces lieux seulement sur les pouvoirs communaux, souvent en manque de moyens. Le problème doit être traité de manière nationale. Notamment en refinançant la police fédérale“.

Le 16e hotspot

Cette zone rejoindra donc les quinze autres désignées sur l’ensemble de la région, par le Conseil régional de sécurité (CORES), en avril dernier. Il s’agit de zones où les violences liées au trafic de drogue sont particulièrement préoccupantes. Les “hotspots” sont des périmètres dans lesquels vont se concentrer les efforts administratifs et policiers pour rétablir au mieux un climat de sécurité pour les habitants et les riverains. Le tout en donnant la possibilité aux communes concernées de faire appel à des moyens extra-communaux.

Anderlecht est familière du concept, puisque les zones du Peterbos, de Clemenceau ou encore de la Gare du Midi avaient déjà été ciblées par le CORES. Des mesures s’ajouteront donc à celles déjà prises par Anderlecht dans les prochains jours pour renforcer la sécurité dans la zone.

B.M.

Reportage de Meryem Laadissi, Béatrice Broutout et Pierre Delmée