La SNCB revient sur son action pendant la Deuxième Guerre mondiale dans une exposition à Train World

Train World dévoile ce vendredi sa nouvelle exposition consacrée à l’action de la SNCB durant la Deuxième Guerre mondiale.

Comme d’autres services publics à l’époque, la compagnie ferroviaire a été confrontée au dilemme de poursuivre son activité au risque d’en faire profiter également l’occupant, ou de cesser ses opérations. C’est la première piste qui a été retenue et la SNCB d’osciller entre collaboration et résistance, comme le résume l’intitulé de cette expo à découvrir jusqu’au 28 juin.

Fin 2023, l’historien Nico Wouters boucle une vaste étude sur l’implication de l’entreprise ferroviaire dans le conflit mondial. Un groupe de sages est alors constitué afin d’assurer un suivi de ce rapport. Plusieurs recommandations sont émises, parmi lesquelles l’organisation d’une exposition. Le commissaire de “La SNCB occupée. Entre collaboration et résistance” est d’ailleurs Nico Wouters, directeur du Centre d’Etudes Guerre et Sociétés des Archives de l’Etat (Cegesoma). “L’idée était que son travail ne reste pas une brique de 500 pages, mais que le contenu scientifique puisse être transformé en une exposition grand public”, situe Thierry Denuit, directeur de Train World.  Les chiffres sont sans appel pour la compagnie qui a procédé à la déportation de plus de 25.000 Juifs et Roms entre 1941 et 1944. L’expo revient sur ces réalités chiffrées, mais, toujours à l’appui de statistiques, apporte une nuance sur le rôle joué par l’ensemble des cheminots, estimés à quelque 100.000 personnes à l’époque. Près de 3.000 travailleurs ont été sanctionnés pour comportement antipatriotique et 6.800 ont été reconnus comme résistants.

Un écart entre collaboration et résistance qui est presque incarné par le directeur général de l’époque Narcisse Rulot. Il s’adresse d’ailleurs au visiteur dans le parcours de l’expo, grâce à l’intelligence artificielle. Après avoir dirigé l’entreprise au début du conflit, M. Rulot est finalement arrêté par les Allemands en février 1944. Au lendemain de la Guerre, en décembre 1945, il est sanctionné par la SNCB pour comportement antipatriotique avant d’être reconnu comme… résistant moins de trois ans plus tard.  Longtemps le discours sur la Deuxième Guerre mondiale et les chemins de fer belges a été accompagné d’une image de résistance. Ce n’est qu’à partir de 2007 et d’une étude du Cegesoma sur les services publics pendant la guerre que l’on a évoqué l’aspect plus sombre, situe M. Denuit. Les chemins de fer belges s’inscrivaient alors dans la politique générale belge dite “du moindre mal”. Celle-ci consistait à adopter un esprit coopératif avec l’occupant pour autant que cela serve les populations locales également. C’est là que la SNCB a commencé à sortir des rails, notamment en fabriquant dans son atelier de Malines des locomotives pour le front de l’Est et en participant à la déportation. L’exposition se termine dans la salle de projection avec un film de trois minutes réalisé à partir d’archives et de témoignages de l’époque, interpellant le visiteur sur la question de la responsabilité.

Des supports éducatifs et des ateliers ont été développés pour encourager une réflexion à l’école. Ils ont été établis par des pédagogues spécialisés et ont bénéficié de la relecture du Cegesoma, du War Heritage Institute et de Kazerne Dossin à Malines, détaille la SNCB. Dédiés aux jeunes de 10 à 18 ans, ils permettent aux enseignants d’accompagner et stimuler la réflexion des élèves. Ils sont conçus pour être utilisés aussi en dehors de l’exposition.

Le public scolaire semble répondre au rendez-vous: avant même l’ouverture, 300 classes ont déjà réservé une visite. L’entrée est gratuite pour les moins de 18 ans. Toutes les sources disponibles (archives, documentation, collection historique) en lien avec les chemins de fer durant la Deuxième Guerre mondiale seront accessibles via ​des pages web dédiées sur le site de la SNCB. L’accès physique aux archives historiques de la SNCB sera facilité par la mise en service, début 2026, du nouveau centre de documentation de la compagnie sur le site de Train World.

Belga/Photos Belga

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