La politique bruxelloise en matière de sécurité routière passée au crible dans Versus
Faut-il faire évoluer le permis de conduire ? Réaménager les routes ? Responsabiliser les cyclistes et utilisateurs de trottinettes électriques ? Michel Geyer aborde la thématique de la politique bruxelloise en matière de sécurité routière avec ses invités dans Versus, à la veille des Etats Généraux de la sécurité routière.
En 2011, un plan régional prévoyait déjà de diviser par deux le nombre de morts sur les routes d’ici 2020. Alors pari tenu ? Thierry Vandenhoute, commissaire à la zone Bruxelles-Capitale-Ixelles : “En terme d’accidents, nous restons aux mêmes chiffres et un statut quo. Mais ces cinq dernières années, il y a une augmentation substantielle du nombre d’accidents de roulage avec blessés, ce qui est logique à partir du moment ou de plus en plus de gens prennent des vélos ou trottinettes électriques pour se déplacer. Il y a donc moins de collisions avec dégâts matériels mais davantage d’accidents de roulage avec blessés, le plus souvent blessés légers“.
Une situation qui concerne au plus haut point les cyclistes. “La situation s’améliore mais peut-être pas aussi rapidement qu’on pourrait le souhaiter“, explique Bernard Dehaye, ancien président du Gracq. “Il reste encore beaucoup à faire, notamment dans la problématique de déplacement entre le domicile et l’école, où les parents se sentent obligés de conduire leurs enfants à l’école, augmentant ainsi encore l’insécurité routière“.
Parmi les mesures prises par la Ville de Bruxelles, la volonté de passer dans une zone 30 généralisée. “L’idée est vraiment de sauver des vies et d’avoir une meilleure qualité de vie“, détaille Ingrid Parmentier députée bruxelloise Ecolo. “La ville 30, c’est la sécurité routière mais aussi moins de bruit et d’insécurité liée au trafic. La vitesse est souvent la cause des accidents mais aussi un facteur aggravant“. Pourtant, pour Stéphane Obeid, premier échevin à Bruxelles, la mise en place effective de cette mesure est peut-être un peu prématurée : “Sur le plan de la méthodologie, c’est un peu mettre la charrue avant les boeufs. Ne faut-il pas décréter ces zones 30 quand les aménagements seront réalisés ?“.
La mesure comporte trois axes : la prévention, la sensibilisation et la sanction. “Il faut que les gens comprennent pourquoi on demande le 30 à l’heure. La sanction a donc pour cela son utilité aussi. Faire une ville 30 est un projet ambitieux“, explique Ingrid Parmentier. “Mais est-ce à la commune de prendre à son compte cette responsabilité financière?” La question est posée par Stéphane Obeid.
S’il rappelle qu’il est impossible pour la police de “mettre un radar dans chaque rue“, Thierry Vandenhoute explique qu’il est “obligatoire de passer par des modifications de l’infrastructure (…) Je ne pense pas que la répression soit la clé au niveau de la zone 30″.
L’idée d’une piqûre de rappel pour le code de la route a aussi été évoquée : “Pour l’instant, on a le permis de conduire jusqu’à la fin de sa vie, sauf exception médicale“, entame Ingrid Parmentier. “Ne faut-il pas avoir, au cours de la vie, un rappel des modifications du code de la route ? C’est une réflexion intéressante à avoir“. Bernard Dehaye: “On voit encore beaucoup de gens avec leur GSM au volant, des personnes qui font autre chose qu’être concentrés sur leur conduite“. “Le préventif et le répressif sont complémentaires”, conclut Thierry Vandenhoute.
T.Dest.