La Cour d’appel de Bruxelles condamne l’hôpital des enfants pour vaginoplastie d’une personne intersexe

En février 2023, la Cour d’appel condamne l’Huderf pour avoir réalisé une vaginoplastie, opération qui vise à reconstruire un vagin, sur une mineure.

Un traitement médical dit “normalisateur” a été réalisé sur une mineure intersexe en 2009. Plus précisément, une personne intersexe a pour caractéristiques sexuelles, comme les chromosomes, les organes génitaux ou la structure hormonale qui ne correspondent pas totalement aux catégories, mâle ou femelle. On peut parler de traitement “normalisateur”, selon Coralie, la jeune patiente ayant subi une vaginoplastie, puisque la “norme” dans le monde médicale reste très souvent une sexualité hétéro-pénétrante, d’où les interventions chirurgicales.

En 2009, âgée de 16 ans, Coralie n’avait pas de règles. Elle décide de consulter des gynécologues, après quelques rendez-vous, le diagnostic tombe, elle est atteinte du syndrome de Rokitansky, une absence de vagin et d’utérus. L’hôpital lui explique que la seule alternative est de, soit, suivre un lourd traitement, soit une opération chirurgicale, une vaginoplastie. Trois, quatre mois, après l’annonce, l’opération est réalisée et des complications s’ensuivent. Elle perd l’usage de ses jambes et se retrouve aujourd’hui dans un fauteuil roulant.

En 2018, l’hôpital est condamné en première instance, car l’opération ne présentait aucune urgence vitale. Sur un état dépressif à la suite du diagnostic et avec une opération préparée en quelques mois, une analyse psychologique aurait dû être préparée. Depuis les années 70, la littérature médicale prévient qu’il y a de nombreux risques avec ce genre d’opération et qu’il faut absolument une préparation psychologique.

La décision de justice

En février 2023, le tribunal condamne l’hôpital pour ne pas avoir expliqué à Coralie qu’il lui aurait été possible de vivre sans vagin. Et que si elle avait voulu en avoir un, une opération aurait été possible plus tard, à l’âge adulte.

En Belgique, il n’y a pas d’interdiction concernant ces procédures sur les mineurs. Et pourtant, elle a déjà été condamnée au moins trois fois par les Nations unies, pour mutilations génitales sur des personnes intersexes. Les Nations exigent qu’il n’y ait plus ce genre de pratique sur des enfants et adolescents encore mineurs.

La secrétaire d’État a l’égalité des genres et des chances, Sarah Schlitz, est en train d’élaborer un avant-projet de loi, afin de préserver l’intégrité physique et psychologique des personnes ayant des variations des caractéristiques sexuelles.

► Une interview de Sarah Schlitz par Camille Paillaud / Image Belga