Kenza Isnasni : “On a vécu quelque chose de tragique qui a complètement bouleversé nos vies”

Le 7 mai 2002, Ahmed et Habiba Isnasni ont été abattus par un forcené d’extrême-droite dans leur appartement situé au 121, rue Vanderlinden à Schaerbeek. Ce midi, dans le 12h30, leur fille Kenza est venue témoigner du choc qu’elle a subi et de l’importance de s’en souvenir.

Chaque année, depuis 20 ans, Kenza et sa famille organise une commémoration pour se souvenir du meurtre de ses parents ; “l’idée de la commémoration est de rappeler que l’événement a bien eu lieu, que mes parents et ma famille ont vécu quelque chose de tragique et qui nous a complètement bouleversés dans nos vies. Mais pas seulement notre famille, c’est vraiment tout un quartier, des habitants, une commune et bien au-delà.

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Avant d’enchainer ; “Porter ce travail de mémoire, c’est surtout aussi se dire ‘qu’est-ce qu’on en fait ?’ et rappeler qui ont été mes parents, qui ont été Habiba et Ahmed. Expliquer qu’ils ne sont pas seulement réduits à des victimes de racisme. C’est important de comprendre leur parcours et leur réalité“.

“Faire ensemble”

À travers son vécu et son témoignage, Kenza espère porter un message d’unité ; “Il y a une nécessité à se retrouver ensemble sur des valeurs et des vrais enjeux. Il ne faut pas seulement vivre ensemble, mais faire ensemble. C’est ce qu’on veut mener au sein de la fondation (Habiba-Ahmed Foundation). Voir depuis autant d’années défiler autant de constats, autant d’observations, des rapports, des débats, des assises à n’en plus finir. Qu’est-ce qu’on en fait concrètement ? À un moment donné, il faudra sortir de ces discours. Je ne suis pas une analyste politique, je ne vais pas donner une idée sur ce qu’est le racisme et ce qu’il est devenu. Est-ce que ça existe ? Est-ce que ça n’existe pas? Sous quelle forme ?“.

Avant de conclure ; “on veut aussi montrer qu’il y a une possibilité, à travers un acte aussi grave et tragique, de porter un message positif“.

Le meurtrier avait fait irruption dans l’appartement de la famille Isnasni

Le 7 mai 2002, Hendrik Vyt, un homme de 79 ans connu pour ses affinités idéologiques avec l’ancien parti d’extrême droite flamande Vlaams Blok (devenu Vlaams Belang), avait fait irruption dans l’appartement de ses voisins et ouvert le feu sur la famille Isnasni, tuant les parents, Ahmed et Habiba. Touché au thorax par les balles de riposte des policiers, le meurtrier était décédé dans l’incendie qu’il avait lui-même bouté dans son appartement.

Interview de Kenza Isnasni réalisée par Murielle Berck et Jim Moskovics

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05 mai 2022 - 14h02
Modifié le 06 mai 2022 - 18h20