Ixelles se positionne contre les visites domiciliaires: “il y a eu un vrai débat en conseil communal”

La nouvelle tombe lundi à 19h17, quelques heures après la même annonce de la Ville de Bruxelles. La commune d’Ixelles s’est positionnée en faveur d’une motion cosignée par le PS et défi (majorité), Ecolo et Cdh (opposition). Le MR, comme à la ville, s’est abstenu. 22 voix “pour” et 13 abstentions.  Avant la réunion, une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées dès 17Hh0 devant la maison communale.

Ces Ixellois arboraient divers messages sur des feuilles de papiers, tels que “Refugees welcome” ou “Non aux rafles domiciliaires”. “On a peur pour les personnes qu’on hébergera et on a peur pour les enfants des hébergeurs, de l’état dans lequel ils pourraient être si la police débarque chez eux et fouille complètement leurs maisons”, a expliqué une membre du groupe ixellois de la plate-forme d’hébergement citoyenne. “Une voix citoyenne s’élève et elle dit ne pas être d’accord avec ce type de politique”, a commenté Audrey Lhoest, cheffe du groupe Ecolo à Ixelles. “Ces citoyens veulent des politiques humaines, dignes et qui respectent les personnes”.

La motion d’initiative Ecolo votée à Liège lundi dernier a servie de base à la motion, qui a été amendée et co-signée par les partis Ecolo, PS, cdH et DéFI

Il y a eu un vrai débat en conseil communal, mais le vote s’est fait dans le respect de chacun“. Caroline Désir, échevine PS à Ixelles assure qu’il n’y a eu aucune friction entre PS et MR, tous deux partenaires au sein de la majorité. “Le MR s’est abstenu, et préfère laisser à Charles Michel le soin de mener les consultations prévues, afin de ramener la sérénité dans le débat“.

Pour les signataires de la motion, la décision n’est pas seulement symbolique, “c’était important de se positionner. Plus qu’un symbole, c’est un message que nous adressons au fédéral. Ne votez pas ce texte!” ajoute l’échevine socialiste.

Le public ixellois connait une longue tradition d’accueil. La commune compte un large nombre d’hébergeurs. Nous souhaitions traiter ce dossier avec un maximum d’humanité“.

Enfin, l’échevine ajoute être heureuse de voir Ixelles rejoindre le mouvement des “communes hospitalières“.

Le MR réclamait des amendements

Le MR a proposé peu avant la tenue de la séance des amendements radicalement opposés à l’esprit du texte, selon les partis signataires de la motion. Ces derniers ont été majoritairement rejetés (22 voix contre et 14 pour). “Vous manifestez par votre contre-motion l’expression d’une solidarité avec la politique du gouvernement fédéral”, a déclaré Willy Decourty, conseiller communal PS. “C’est votre droit, mais vous ratez l’occasion de dépasser le cadre strict des partis politiques et vous ratez l’occasion de défendre un mouvement qui n’a pour seule motivation que de défendre des valeurs qui sont chères aux démocrates : la justice, l’hospitalité et la solidarité. Sans ces valeurs, une démocratie ne fonctionne pas”.

Julie de Groote, cheffe de groupe cdH à Ixelles, a ajouté avoir “soumis une motion qui sera discutée lors du conseil communal du 22 février prochain pour qu’Ixelles soit une commune hospitalière. “Une chose est d’être contre les visites domiciliaires – et nous le sommes – mais une autre chose est de réaliser des actes concrets et positifs.”

La Ville de Bruxelles aussi contre les visites domiciliaires

Le conseil communal de la Ville de Bruxelles a adopté lundi soir également, à une très large majorité, une motion demandant au parlement fédéral de rejeter le projet de loi sur les visites domiciliaires en vue d’arrêter des personnes en séjour illégal. La motion vise aussi à inviter le gouvernement fédéral à reconsidérer sa position au regard des différents avis émis jusqu’à présent par le Conseil d’Etat, l’ordre des avocats, l’association syndicale de la magistrature, les différentes associations citoyennes, le monde académique et les conseils communaux qui se sont prononcés en la matière.

Seul Johan Van den Driessche (N-VA) a voté contre la motion. L’ensemble des élus libéraux (MR et Open Vld) se sont abstenus, tout comme Bianca Debaets (CD&V). Le MR a quant à lui déposé et voté par ailleurs en faveur d’une motion qui explicite davantage la position du gouvernement fédéral. Ce texte a été rejeté par toutes les autres formations (31 voix) hormis la N-VA qui a voté pour, comme les 10 élus MR, et l’élue CD&V Bianca Debaets qui s’est abstenue. La proposition des libéraux visait à rappeler que la Belgique “est et demeure une terre d’asile” et à encourager les personnes qui ont besoin de protection à déposer une demande d’asile afin d’être accueillies au sein de Fedasil. Elle visait à exprimer un soutien “à la politique qui vise à faire de la Belgique une terre d’accueil en matière d’asile mais aussi un Etat de droit”. Le texte du groupe libéral visait aussi à “soutenir la démarche de consultation entreprise par le gouvernement fédéral afin de préciser le cadre légal des visites domiciliaires, avec le souci de garantir l’indépendance des pouvoirs législatif, exécutif, et judiciaire”.

C.L avec Belga

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05 février 2018 - 20h41
Modifié le 06 février 2018 - 08h50