Finances communales : “On ne sait pas comment régler les factures, on ne va pas payer pour une 2e journée sans voiture”

Les communes font face à des augmentations très importantes des dotations qu’elles doivent accorder aux CPAS et aux zones de police. Elles parlent d’une augmentation moyenne de 13%. Or, leurs finances sont déjà dans le rouge. L’inquiétude régnait lors de la conférence des bourgmestres de ce mercredi matin.

13% d’augmentation moyenne pour les dotations aux zones de police. C’est ce qui ressort des calculatrices des 19 bourgmestres bruxellois. Cette hausse est due à l’indexation des salaires et à la hausse du prix des carburants principalement. Seulement, comment répondre à cette demande lorsque les finances communales sont déjà dans le rouge ?

Le Covid-19 avait déjà vidé les caisses communales. Certaines communes ont rendu des budgets pour 2022 en déficit. Les indexations successives poursuivent le travail. En décembre, la plupart des communes ne disposeront plus d’un contrat fixe pour leur énergie. Comment va se dérouler l’année 2023 ? Alors que toutes les communes sont toutes en train de confectionner leur budget pour l’an prochain, l’inquiétude est palpable. “Dans les zones de police, 90% des budgets sont liés aux salaires“, explique Sophie De Vos (DéFi), bourgmestre d’Auderghem. “Nous parlons de 9 indexations en 2 ans. Le fédéral dit qu’il va nous aider, mais que cela ne couvrirait qu’un tiers des dépenses. Nous sommes dans le flou complet. La Région nous dit aussi que la dotation générale aux communes va augmenter sans nous dire de combien. Nous ne savons quelle sera la taille de notre trou. Il est impossible de travailler ainsi. Nous n’avons jamais vu cela.”

À Auderghem, il a fallu prévoir plusieurs centaines de milliers d’euros supplémentaires pour la hausse de l’énergie.

Pas de deuxième journée sans voiture dans ces conditions

Dans les autres communes, le son de cloche est identique. “Nous avons une augmentation des frais liés au CPAS et à la zone de police et la ministre de la Mobilité vient nous présenter son projet de 2e journée sans voiture le jour de la fête de l’Iris”, ajoute le bourgmestre d’Evere, Ridouane Chahid (PS). “Nous ne savons pas comment nous allons payer les factures et on nous demande de l’argent pour cela. Ce n’est pas possible. Il faut que la Région prenne en charge cette journée sinon elle ne se fera pas.”

Pour cette deuxième journée sans voiture, la ministre Elke Van den Brandt (Groen) a proposé une aide de 8.000 euros par commune pour les animations, un forfait pour la gestion des dérogations de 5.000 euros, mais ajustés selon le nombre de dossiers traités ainsi que 10.000 euros par zone de police. Cela représente un montant global de 350.000 euros à charge de la Région. Seulement, pour les bourgmestres, cela n’est pas assez. Certains estiment le coût d’une journée sans voiture à 40.000 euros.

Nous comprenons que les communes soient fatiguées et subissent beaucoup de pression”, répond le cabinet d’Elke Van den Brandt (Groen). “En même temps, proposer une journée gratuite et festive à la population fait du bien au moral. Les organisations comme l’UCM, l’Horeca ou les commerçants du centre sont en faveur d’une deuxième journée.” Loin de s’avouer vaincue, la ministre a demandé aux bourgmestres de revenir avec une proposition chiffrée qui leur conviendrait.

Ils ne pourront certainement pas la rendre avant de savoir quelles aides elles auront pour l’an prochain. La Région a prévu 23 millions d’euros, mais la clé de répartition n’est pas connue. Les communes ont redemandé que la Région les aide en autorisant de laisser filer le déficit à hauteur du montant supplémentaire pour leurs factures énergétiques. Pour le moment, le ministre des Pouvoirs locaux, Bernard Clerfayt (DéFi) n’a pas donné de réponse.

Vanessa Lhuillier – Photo: Belga

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19 octobre 2022 - 17h42
Modifié le 20 octobre 2022 - 11h19