Face au déficit de dons de corps à la science, le défi des universités depuis la pandémie
Les dons de corps à la science ont largement diminué durant la crise sanitaire.
Que ce soit à l’UCLouvain, à l’ULB mais aussi à l’UNamur, l’UMons ou l’ULiège, tous font face au même constat : les dons de corps à la science ont fortement diminué durant et depuis la crise sanitaire. Ainsi, si l’UCLouvain (dans son site bruxellois de Woluwe-Saint-Lambert, dédié à la médecine) avait reçu 93 corps en 2018, ce chiffre est redescendu à 61 en 2021, tandis que 33 corps ont été reçus, pour l’instant, depuis le début de l’année 2022.
L’UCLouvain, comme d’autres, a arrêté de recevoir des corps durant un an, en coordination avec tous les laboratoires d’anatomie de la Fédération Wallonie-Bruxelles, durant la crise sanitaire. “En conséquence, l’Université donne la priorité à l’enseignement en bachelier médecine, dentisterie et kiné. Les formations avancées de MACCS (Médecins candidats assistants spécialistes) et de médecins en exercice, des tests de dispositifs médicaux et pour les travaux de recherche en tissue engineering sont également impactés“, nous explique la professeure Catherine Behets de la Faculté de médecine et médecine dentaire, et responsable du don de corps à l’UCLouvain.
L’importance du don de corps
Face à cette situation, les universités ont évidemment dû s’organiser autrement, en priorisant certaines recherches. Reste que le travail sur de véritables corps humains est un besoin réel pour la formation des étudiants, de l’aveu-même des deux médecins en formation que nous avons rencontrés.
À l’Université Libre de Bruxelles, on connaît aussi une diminution sensible des dons de corps à la science. “Mais la situation est plus nuancée qu’à l’UCLouvain, dans la mesure où des travaux d’infrastructures nous ont contraints à fermer le legs de corps pendant une durée prolongée et que la reprise a coïncidé avec la pandémie“, nous explique le professeur Stéphane Louryan, directeur du Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse de la Faculté de Médecine de l’ULB.
“Il y a en effet une réduction de la fréquence des arrivées de corps. Et comme nous faisons des tests Covid sur le corps à l’arrivée, et qu’en moyenne la moitié est positif, nous devons alors le refuser“, ajoute le professeur, par ailleurs membre de l’Académie Royale de Médecine de Belgique.
Ainsi, de 42 corps reçus entre janvier et mai 2018 à l’ULB, seuls 17 corps ont été réceptionnés par la faculté bruxelloise cette année, durant la même période.
■ Reportage de Arnaud Bruckner et Yannick Van Gansbeek avec Manuel Carpiaux