Etudes supérieures : le blocus 2020 ne sera pareil à aucun autre
Les vacances de printemps marquent souvent le début de la période de blocus pour les étudiants du supérieur. Cette année, il se fera confiné. Chez soi. Pas question de se retrouver en bibliothèque, de se motiver à plusieurs ou de bénéficier des aides et accompagnements à l’étude proposés par les établissements, si ce n’est en version digitale. Mais tout le monde peut-il y avoir accès ?
“Nous sommes dans une situation confuse. On demande aux étudiants de préparer leurs examens mais on ne sait pas encore comment ceux-ci vont se dérouler.” Et cette confusion n’est pas propice à l’étude, juge Chems Mabrouck, présidente de la FEF (la Fédération des étudiant.e.s francophones). Tout indique jusqu’ici que les examens auront bien lieu. Alors se préparer, mais comment? Ceux qui bloquent en bibliothèque, pour y trouver le calme ou la concentration nécessaire à l’étude en seront pour leurs frais. Les systèmes de blocus assistés ou d’aide à la réussite de plus en plus sophistiqués proposés par les universités ne sont plus accessibles physiquement non plus. Mais autant l’ULB que l’UCLouvain ont développé leurs programmes en version digitale. Objectif : motiver, orienter, conseiller.
A l’UCL, “Pack en bloc” est devenu “Pack en lock”. Accessible depuis ce lundi 6 avril, il permet aux étudiants de rester en contact virtuel entre eux et avec les enseignants au sein d’espace d’échanges. “L’objectif, c’est de leur donner un rythme de travail, et de les motiver en leur donnant des défis. “, explique Sandrine Ntamashimikiro, conseillère pédagogique du secteur de la santé de l’UCLouvain-Bruxelles. En plus des sessions d’études assistées en live, toutes les ressources universitaires ont été mises à contribution : les services sportifs, ateliers gestion du stress, et même alimentation dispensent leurs conseils par vidéo. “Cela permet aux étudiants de ne pas se sentir seuls.”, poursuit Sandrine Ntamashimikiro. Quant aux cours eux-même, 95% sont aujourd’hui accessibles via plateforme, podcast ou powerpoint à assistance audio.
A l’ULB, le blocus à distance se traduit par des activités organisées quotidiennement via plateforme : soutien par matière, soutien méthodologique, examens à blanc. Les professeurs et assistants sont disponibles pour répondre aux questions. “On a aussi créé des classes d’études virtuelles, des “live studies” auxquelles les étudiants se connectent sans micro. Le but est de motiver, d’encourager à l’étude.”, indique Sylviane Bachy, coordinatrice du service d’accompagnement aux apprentissages de l’ULB. A l’ULB, 10 facultés sur 12 proposent ce type de dispositifs. 70 étudiants sont inscrits par facultés, mais une trentaine se manifeste. “A ce stade, c’est semblable à ce qu’on observait lors des blocus assistés présentiels.”, juge Sylviane Bachy.
“Inégalités renforcées”
Certes, l’aide à la réussite est probablement plus efficace en face à face. “Mais surtout les inégalités entre étudiants risquent de s’aggraver.”, s’inquiète Chems Mabrouck. D’abord, dit-elle, si beaucoup de cours à distance sont prêts, tous ne le sont pas, et cela crée des différences en fonction des disciplines. En outre, qu’en est-il des étudiants qui ne disposent pas des conditions et du matériel adéquats pour travailler à la maison? “La structure actuelle va renforcer les inégalités dans l’enseignement supérieur et il n’y pas pas de cadre pour faire en sorte que cela n’arrive pas.”
A l’UCLouvain, le service d’aide tente de trouver des solutions pour les étudiants en difficulté, par exemple sans ordinateur personnel et en bon état. “Nous essayons de les aider. Parfois, les solutions viennent des autres étudiants qui ont vécu des situation similaires.“, nous répond Sandrine Ntamashimikiro. A l’ULB, le service social a mis à disposition des ordinateurs. “Les étudiants peuvent introduire des demandes, elles seront étudiées au cas par cas. Nous en avons reçu une dizaine depuis le début du confinement.“, relève Sylviane Bachy.
La crise du coronavirus se traduira-t-elle dans les résultats des examens universitaires ? Réponse pas avant l’issue de la session, au début des vacances d’été, si le calendrier est respecté. Mais il est certain en revanche que le blocus 2020 ne sera pareil à aucun autre.
Sabine Ringelheim – Photo : Archive bx1