Estelle Ceulemans : “les travailleuses payent pour aller travailler”
À l’occasion de la journée de l’égalité salariale, environ 500 militants de la FGTB, selon l’estimation de la police de Bruxelles-Ixelles, se sont mobilisés ce matin au Mont des Arts à Bruxelles.
Le 24 mars a été fixé par l’ONG “Business & Professional Women” (BPW) en rapport avec le nombre de jours que les femmes doivent en moyenne travailler en plus pour rattraper les salaires des hommes. Les femmes gagnent toujours en moyenne 22,7 % de moins que les hommes en Belgique, selon le baromètre du syndicat socialiste basé uniquement sur des données officielles. “Ce sont les secteurs à main-d’œuvre largement féminine qui paient le moins bien“, a relevé Thierry Bodson, le président de la FGTB, pour justifier cet écart.
Pour Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB de Bruxelles, le temps partiel n’y est pas pour rien. C’est ce qu’elle explique à Fabrice Grosfilley dans +d’Actu. “Le temps partiel est imposé dans la plupart des cas, c’est un phénomène essentiellement féminin. On demande une réduction collective du temps de travail parce que c’est la seule manière de mieux répartir correctement le temps de travail entre hommes et femmes et permettre la suppression des discriminations qui existent à ce niveau. Les femmes sont responsabilisées par rapport à cette situation du temps partiel qui leur est imposé. C’est donner la possibilité dans les entreprises d’augmenter ce temps de travail pour pouvoir passer à temps plein si elles le souhaitent.“
Des travailleuses des secteurs concernés ont témoigné sur la scène installée pour les discours. Une aide-ménagère a notamment fait valoir qu’elle gagnait moins de 1.000 € par mois et que la demande d’augmenter les frais de remboursement des déplacements devenait criante avec la hausse des prix des carburants. C’est le dernier secteur à ne pas avoir conclu les négociations en écho à l’accord sectoriel accord interprofessionnel 2021-2022.
“Les travailleuses dans les titres services doivent payer pour aller travailler” assure Estelle Ceulemans. “On a adressé une demande pour pouvoir commencer à avoir une discussion de fond et sérieuse sur la question des remboursements des déplacements domicile-lieu de travail. Il faut une meilleure intervention des employeurs là où c’est possible. Les titres-services, c’est emblématique, c’est un secteur subsidié et subventionné et donc il y a une responsabilité. Ces travailleuses sont en tentative de négociation par rapport à leur employeur. Le temps de déplacement n’est déjà pas pris en compte dans la rémunération.“
La FGTB exige une amélioration de la loi de 96. Sur la base de ce texte, la marge maximale pour les augmentations salariales a été fixée à 0,4 % pour 2021-2022. “Aujourd’hui, on se retrouve dans une norme salariale qui empêche une véritable négociation, or il y a des secteurs et entreprises qui font des bénéfices et on n’a pas la possibilité d’augmenter les salaires au-delà de 0,4 % alors que les prix explosent.“
La hausse du prix de l’énergie n’arrange pas les choses. “Tout le monde connaît la réalité quand on reçoit sa facture d’énergie, ou lorsqu’on se rend à la pompe à essence” ajoute Estelle Ceulemans. Le gouvernement fédéral a mis 1,3 milliard d’euros sur la table pour pallier ce problème et a aussi baissé la TVA gaz et électricité, mais pour la secrétaire générale, ça ne suffira pas. “Beaucoup de travailleurs n’ont pas d’autre choix que de prendre leur véhicule pour aller travailler. On est confronté à ses travailleurs qui sont obligés de se mettre en arrêt maladie parce qu’ils n’ont pas la possibilité de remplir leur réservoir d’essence. On travaille au niveau du groupe des 10 pour avancer vers une mesure visant un remboursement à 100 % des déplacements dans les frais réels.“
Le 20 juin aura lieu une grande manifestation en front commun dans la capitale pour défendre le pouvoir d’achat. Des mobilisations décentralisées sont, de plus, prévues le 22 avril.
► Retrouvez en intégralité l’interview d’Estelle Ceulemans
■ Anaïs Corbin / Une interview réalisée par Fabrice Grofilley