Environ 250 personnes rassemblées sur la place Poelaert en soutien à Gisèle Pelicot

Environ 250 personnes, selon les chiffres de la police bruxelloise, se sont rassemblées samedi midi dans la capitale en soutien à la Française Gisèle Pelicot, victime de viols par des inconnus recrutés sur internet par son mari pendant près de dix ans.

Depuis son ouverture le 2 septembre dernier devant la cour criminelle d’Avignon, ce procès hors norme, avec 51 accusés – le mari et 50 autres hommes âgés de 26 à 74 ans – poursuivis pour avoir violé Mme Pelicot, de juillet 2011 à octobre 2020, après que celle-ci avait été droguée aux anxiolytiques par son mari, suscite l’intérêt des médias et du grand public. La victime a souhaité elle-même que le procès ne se tienne pas à huis clos, afin d’attirer l’attention sur le phénomène de la soumission chimique et que “la honte change de camp“.

Dès 12h00, la foule s’est rassemblée sur la place Poelaert. Organisée par plusieurs associations et militantes féministes belges – dont la fondatrice du mouvement “Balance ton bar”, Maïté Meeûs – la manifestation entendait envoyer un message clair: “Nous sommes toutes et tous Gisèle“. Plusieurs rassemblements avaient lieu ce week-end dans de nombreuses villes de France, ainsi qu’à Liège. La manifestation se voulait également une marque de soutien à la fille de Mme Pelicot, Caroline Darian, et plus largement à “toutes les victimes de viol, d’inceste et de violences sexuelles“.

Ce procès est un symbole puissant des violences sexuelles faites aux personnes assignées femmes et aux enfants“, ont souligné les organisatrices. “Il met en lumière les fléaux que sont les violences intrafamiliales, l’inceste, la soumission chimique, le viol, l’errance médicale et l’impunité.”

Loin de l’image “monstrueuse” du violeur, le procès Mazan montre aussi que la personne qui commet ces crimes est le plus souvent “monsieur Tout-le-monde“, a pointé Maïté Meeûs. “Sachant cela et face à des chiffres qui restent affolants, il faut continuer à se mobiliser, à dire aux victimes qu’on les croit et à libérer la parole“, a poursuivi la fondatrice du mouvement Balance ton bar.

D’après un rapport publié en mars 2020 par Amnesty International Belgique et SOS Viol, 47% des Belges ont été confrontés à des violences sexuelles. Quelque 91% de celles-ci surviennent dans l’entourage familial et/ou amical.

Nous revendiquons justice et protection pour toutes les victimes. Que la honte change de camp, que l’impunité cesse, que les murs de la culture du viol tombent. Unissons nos voix et rappelons avec force: les seuls responsables sont les agresseurs et ceux et celles qui les protègent“, ont ajouté les organisatrices.

Elles appellent dès lors le gouvernement belge à agir face à l’ampleur et la récurrence des violences sexuelles. Concrètement, elles demandent davantage de moyens pour former “le personnel soignant, les métiers de la justice et la police à reconnaitre et systématiquement prendre en charge les victimes de soumission chimique – et ce, dès le premier doute“. “Le but: mettre en sécurité les plaignantes et permettre un accompagnement judiciaire décent, pour ne plus jamais entendre: ‘Il y a viol et viol’“.

Belga – Photo : BX1 (Anaïs Corbin)