Les signalements pour antisémitisme auprès d’Unia explosent : “Beaucoup de discours de haine, mais aussi des actes de violence”
Près de 300 dossiers ont été ouverts pour antisémitisme auprès d’Unia, service public de lutte contre la discrimination, entre 2018 et 2022, selon un nouveau rapport publié jeudi. Une hausse encore plus marquée depuis les attaques du Hamas le 7 octobre 2023.
Les messages de haine sont majoritaires (65% des cas) même si les délits de haine représentent tout de même 10% des cas répertoriés. La Flandre est plus particulièrement concernée par la problématique de l’antisémitisme.
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Unia rappelle qu’il analyse chaque signalement qui lui parvient, en vue, dans un premier temps, de déterminer s’il est compétent pour le traiter. L’institution peut également s’auto-saisir d’un cas sans signalement individuel, s’il apparait qu’une situation, en général médiatisée, peut laisser présumer qu’il y a discrimination, discours ou délit de haine. Elle peut également traiter des dossiers dans lesquels ne figure pas de victime identifée ou identifiable.
Une région plus touchée que les autres
Si Unia privilégie la négociation ou la conciliation en cas de discrimination, il peut également agir en justice, ce qui se produit dans environ 1 % des dossiers. Pour les dossiers d’infractions antisémites, des condamnations ont été prononcées dans une quinzaine de dossiers dans lesquels Unia s’était constitué partie civile sur la période étudiée.
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Il ressort par ailleurs du rapport publié jeudi que la région flamande est particulièrement touchée par le phénomène d’antisémitisme. Plus de la moitié des dossiers ouverts (52%) concernent en effet le nord du pays. Unia explique ce phénomène par la présence d’une importante communauté juive visible à Anvers.
Par ailleurs, une part importante des dossiers (22%) n’est pas localisable ou leur localisation n’est pas connue. Dans certains cas, cette information est manquante mais de nombreux dossiers concernent des messages de haine en ligne, de sorte qu’aucun lien ne peut être établi avec un lieu spécifique.
Seuls six qualifiés comme antisémites
De façon globale, Unia souligne que sur les 291 dossiers ouverts et traités entre 2018 et 2022, seuls six peuvent être qualifiés comme relevant de l’antisémitisme au sens de la définition de l’Alliance Internationale pour le Souvenir de l’Holocauste (IHRA). L’institution avait toutefois conclu qu’ils ne relevaient pas de l’antisémitisme au terme d’une analyse exclusivement juridique.
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“Certaines situations peuvent être perçues comme injustes ou certains faits peuvent être considérés comme antisémites d’un point de vue sociologique, psychologique, anthropologique, économique ou socio-historique sans que cela ne constitue nécessairement une infraction à la loi anti discrimination“, explique le directeur d’Unia, Patrick Charlier. “Unia estime qu’il est toujours nécessaire de réagir, que ce soit par une condamnation morale, une sanction orale ou une procédure disciplinaire.”
La résurgence du conflit israélo-palestinien à la suite des attaques du Hamas le 7 octobre, a quant à elle provoqué une hausse du nombre de dossiers reçus. En deux mois, entre le 7 octobre et le 7 décembre 2023, 91 signalements ont été enregistrés, dont 66 font explicitement référence à l’ascendance juive. À titre de comparaison, Unia souligne avoir reçu l’an passé en moyenne entre 4 et 5 signalements par mois concernant cette problématique.
Belga – Photo : Belga / Benoit Doppagne
■ Une interview de Patrick Charlier au micro de Camille Tang Quynh