En Belgique francophone 4 personnes sur 10 reportent leurs soins pour raisons financières

Solidaris a interrogé plus de 1000 personnes concernant le report de soins de santé pour raisons financières. Les constats sont sans appel : en Wallonie et à Bruxelles, plus de quatre personnes sur dix sont concernées.

Si les années 2020, 2021 et 2022 affichaient une amélioration concernant le renoncement aux soins de santé pour des raisons financières, la tendance s’est inversée en 2023. 44% des Belges francophones ont déclaré avoir renoncé à au moins un des six types de soins audités. Ces chiffres restent néanmoins inférieurs à 2019, où on comptait 1 personne sur 2. Cette tendance d’aggravation concerne toutes les disciplines interrogées, et se répartit irrégulièrement au sein de la population, traduisant les inégalités sociales.

Au niveau des spécialités, le dentaire (25%) continue d’être la prestation de santé la plus touchée. A l’inverse, le généraliste (12%) est presque systématiquement la prestation avec les plus faibles taux de renoncement.

L’analyse montre que les personnes âgées/pensionnées connaissent une très forte hausse du renoncement en 2023 (de 27% en 2022 à 40% en 2023). Le groupe social des plus précaires continue d’être le plus touché (62%). Les inégalités de genre persistent également, puisqu’une femme sur deux déclare avoir dû renoncer à au moins un soin pour des raisons financières, contre 38% des hommes.

Quatre mesures

Face à ces constats, Solidaris préconise une liste de mesures, pour garantir une meilleure accessibilité financière aux soins de santé pour tous.

1- Lever tous les obstacles financiers aux soins de base en première ligne en remboursant les consultations chez le médecin généraliste et le soins bucco-dentaires de base, instaurer le tiers-payant obligatoire généralisé à tous les patients et tous les soins de santé ambulatoires.

2- Renforcer la protection financière de publics précarisés et plus vulnérables sur le plan de la santé notamment en : automatisant l’octroi du statut BIM et en majorant de 10% les plafonds de revenus pour bénéficier du BIM, élargir l’interdiction des suppléments d’honoraires pour les BIM aux soins hospitaliers, en renforçant le mécanisme du maximum à facturer pour les malades chroniques et les patients souffrant de problèmes de santé mentale et en développant des maisons médicales au forfait et en élargissant la pratique multidisciplinaire aux psychologues cliniciens et aux dentistes.

3- Augmenter le remboursement des soins insuffisamment couverts par l’assurance maladie en supprimant les limites imposées au nombre de séances remboursées de psychologues de première ligne la première année du traitement et gratuité des séances jusque 23 ans.

4- Adopter une protection renforcée contre les suppléments d’honoraires en instaurant un “bouclier tarifaire” plafonnant les suppléments d’honoraires pour les soins en ambulatoire lorsque le taux de conventionnement est trop faible, interdisant les suppléments d’honoraires pour les spécialités pour lesquelles le patient ne choisit pas son médecin.

“Le renoncement aux soins pour des raisons financières demeure une réalité préoccupante. Face aux inégalités grandissantes, il est grand temps de mettre en place des mesures concrètes. Se soigner ne doit plus être un privilège réservé à certains, mais un droit fondamental accessible à tous, sans distinction de revenu ou de statut social”, affirme le Secrétaire général de Solidaris, Jean-Pascal Labille.

■ Explications de Thomas Dufrane dans le 18h

 Rédaction 

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20 mars 2024 - 14h32
Modifié le 20 mars 2024 - 18h10