Emploi, pension, fiscalité… : le gouvernement fédéral tient son accord sur le budget
La Belgique devait ramener son budget vers les clous après les crises traversées. Une première étape a été franchie jeudi avec un contrôle budgétaire qui porte sur cette année et l’année prochaine. “Nous ramenons le budget dans des eaux plus calmes”, a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo.
L’effort fourni s’élèvera à près d’1,8 milliard d’euros nets, soit 0,3% du PIB, et 2,65 milliards bruts. Le solde nominal de l’entité fédérale passera en 2023 à -3,5% du PIB et à -3,2% en 2024. “Ce n’est pas un budget d’austérité, c’est un budget qui permet de mener encore des politiques”, a ajouté la secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand (Open Vld). Selon le ministre des Finances, Vincent Van Petehgem (CD&V), il était “important de donner un signal fort en direction des marchés financiers internationaux”.
Au total, un effort de 782 millions d’euros sera réalisé dans les dépenses et un autre de 779 millions dans les recettes, tandis que les diverses mesures rapporteront 205 millions.
“On continue à revaloriser la pension minimum”
Dans les dépenses, l’un des plus gros postes est celui de la modération de la 4e tranche d’augmentation des pensions minimum au 1er janvier 2024 -qui devrait se traduire par quelques euros nets par mois- et le retrait de cette 4e tranche pour d’autres allocations, comme le chômage. Un montant de l’ordre de 374 millions pourra de la sorte être économisé. “On continue à revaloriser la pension minimum et on ne touche pas à la 4e tranche. En cette matière qui concerne 800.000 bénéficiaires, la pension aura augmenté en 2024 de 37%”, a souligné la ministre des Pensions, Karine Lalieux (PS).
La sous-utilisation dans les dépenses de soins de santé rapportera 100 millions d’euros, dont une partie sera réinvestie toutefois dans la santé mentale et les centres de prise en charge des violences sexuelles.
Les multinationales d’avantage taxées
Un gain de 334 millions d’euros est attendu par la mise en place d’une taxe minimum de 15% des multinationales. Le vice-Premier Ecolo, Georges Gilkinet, y voit l’amorce de la réforme fiscale que le gouvernement s’est engagé à préparer et qui devrait l’occuper dans les semaines à venir. “Nous avons de grandes ambitions pour une réforme fiscale qui permettra d’augmenter le revenu des travailleurs et de répartir plus équitablement la fiscalité dans ce pays. Ce n’est pas fini”, a-t-il affirmé.
Des mesures seront prises en matière d’emploi, qui devraient rapporter 90 millions d’euros : un contrôle plus strict des chômeurs, une plus grande mobilité interrégionale et la réforme de la pension pour cause d’inaptitude des fonctionnaires qui menait des gens parfois très jeunes à l’inactivité.
“On ne touche pas les travailleurs et l’épargne des Belges”, a assuré le vice-Premier ministre MR, David Clarinval. Pour poursuivre le soutien à l’Ukraine, le gouvernement utilisera l’impôt prélevé sur les intérêts des avoirs russes gelés en Belgique, d’un montant considérable en raison de la localisation de la société de services financiers Euroclear à Bruxelles. Quelque 625 millions sont attendus. Ils serviront au soutien direct à l’Ukraine, mais aussi pour les revenus d’intégration des Ukrainiens en Belgique. L’année 2024 sera celle du retour de la discipline budgétaire européenne, et les prévisions de la Belgique sont préoccupantes dans ce domaine. Elle sera aussi celle des élections. À entendre le Premier ministre, cette perspective ne paralyse pas le gouvernement. “J’ai l’impression que c’est le contraire. Quand je regarde la semaine passée et les semaines qui viennent, je me dis qu’on a lancé le sprint final”, a-t-il dit.
Avec Belga – Photo : BX1
■ Chronique de Maël Arnoldussen, au micro du 12h30.