Des radios indépendantes, menacées d’extinction, appellent à l’aide
Radio Z, une fédération regroupant 46 radios indépendantes en Fédération Wallonie-Bruxelles, lance jeudi l’action #JeVeuxMaRadioEnDABplus. Celle-ci vise à sensibiliser les autorités publiques à leur besoin de soutien financier, technique et logistique pour parvenir à réaliser leur transition numérique. Plus de la moitié des radios indépendantes pourraient disparaître du paysage hertzien d’ici 2030.
Une pétition a notamment été mise en ligne (www.jeveuxmaradioendabplus.be). Des journalistes qui ont fait leurs armes dans les locaux de ces petites radios libres se mobilisent aujourd’hui pour sensibiliser à leur sort. Elles comptent près de 2.000 salariés, indépendants et bénévoles et se font écouter par plusieurs centaines de milliers d’auditeurs en Fédération Wallonie-Bruxelles.
“Un peu plus de 50% des radios fonctionnent avec un budget de moins de 20.000 euros par an“, jauge Nicolas Boulart, coprésident de Radio Z. “Dans certaines régions, il faudrait doubler les recettes pour pouvoir assumer les frais pour le DAB+ : l’électricité, l’entretien du matériel et des liaisons de ligne, les assurances, la gestion de l’infrastructure… La Fédération Wallonie-Bruxelles a débloqué un budget d’un million pour pouvoir acheter le matériel de base, mais les frais récurrents sont très importants“. Ces derniers sont estimés entre 360.000 et 600.000 euros pour l’ensemble des radios indépendantes.
Un pari risqué
Une fois le passage au DAB+ réalisé, le pari de la soutenabilité budgétaire est donc des plus risqués. Des radios indépendantes ont déjà osé franchir le cap à Tournai et à Liège. Mais, repousser la transition entraîne aussi, inexorablement, une perte d’auditeurs au long cours, puisque le volume d’écoute tourne déjà autour des 20% en DAB+, trois ans après la migration des grands acteurs publics et privés.
La volonté de se lancer en numérique coûte que coûte se heurte de plus à des conditions d’accès difficilement réalisables. “En FM, une antenne, c’est une radio“, explique Nicolas Boulart. “Avec le DAB+, des radios doivent travailler ensemble et se former en tant qu’opératrices afin d’émettre le signal radio sur une même infrastructure. Il y a la règle des 80% des radios, qui doivent accepter de constituer une ASBL pour gérer la diffusion. Sur les 17 radios à Bruxelles, on est à 13 au lieu de 14 et donc on n’a pas de DAB+“. Radio Z appelle en conséquence à plus de flexibilité dans les règles pour pouvoir se constituer en tant qu’opérateur DAB+.
Une demande d’aide annuelle
Radio Z estime sa demande pour une aide annuelle récurrente pour le DAB+ des plus légitimes. Les dotations annuelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont de 309 millions pour la RTBF et de plus de 10 millions pour les télévisions locales et la presse écrite, alors que le Fonds d’Aide à la Création Radiophonique (FACR) de la Fédération accorde une subvention annuelle bien moindre (1,354 millions euros en 2021), qui fluctue selon les rentrées publicitaires des réseaux.
“Les radions indépendantes constituent une richesse sur le plan de la diversité“, souligne Nicolas Boulart. “On a des radios communautaires, géographiques, associatives ou d’expression, et des radios thématiques. La proximité est aussi une grande valeur. Pour la culture, les radios indépendantes soutiennent bien plus les nouveaux artistes locaux que les réseaux. Elles découvrent et font grandir des talents. La première radio de Stromae était une radio indépendante“.
■ Interview de Philippe Sala, co-président de Radio Z, réalisée par Elodie Fournot
Texte : Belga