Des policiers se font porter malades pour protester contre la réorganisation de leur service

Malaise au sein de la zone de police Bruxelles-Midi. Ce lundi, une quinzaine de policiers d’intervention se sont faits porter malades : épuisés par les évènements des derniers mois (Covid, manifestations entachées de violence, visite du président Joe Biden, l’Euro…), mais aussi par un nouveau système d’horaires qui pousse souvent les équipes aux heures supp.

Au sein de l’équipe d’intervention de 32 agents qui a travaillé de 07h00 à 19h00, 9 policiers sont en congés et 15 autres ont fourni des certificats médicaux pour la journée, quelques jours, voire jusqu’à vendredi. Il y a de plus 5 ou 6 autres certificats médicaux entrés ce lundi en dehors de cette équipe. Des policiers ont envoyé un mail anonyme à tout du moins un bourgmestre et à des médias pour expliquer qu’ils étaient fatigués.

Depuis mars 2021, un nouveau système d’horaires est en place. Les équipes d’intervention travaillent désormais 12 heures (7h-19h et 19h-7h contre 7h-17h ; 12h-22h et 21h30-7h30). Tant le personnel que les syndicats ont approuvé ce changement, mais après quelques mois, les équipes constatent qu’elles dépassent fréquemment leurs horaires, prestant parfois jusqu’à 16 heures par jour. Pourquoi de telles heures supplémentaires ? Pour pouvoir boucler les dossiers en cours, la rédaction des procès verbaux et tout l’aspect administratif qui fait partie du métier. Fatigue et ras-le-bol ont donc conduit à la situation de ce début de semaine.

Cette année a été très dure

Je les comprends“, a en tout cas assuré le chef de corps, Jurgen de Landsheer. “Cette année a été très dure, avec les mesures sanitaires à faire respecter pendant le confinement et le déconfinement, puis le sommet européen et de l’OTAN, les matchs de l’Euro… On vit de plus une année de changements et de réorganisation. Des groupes de travail ont proposé de faire des horaires de 12 heures au lieu de 10, ce qui leur permet d’avoir plus de jours à la maison. Sur les 200 personnes qui travaillent en intervention, deux tiers étaient pour et un tiers contre. On a suivi l’avis de la majorité et on a mis en place cet horaire au 1er avril“.

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Il ajoute qu’il y a aussi eu cette année une rupture de confiance avec la population qui a moralement été dure à vivre. “Il y a une volonté politique chez nous d’augmenter le cadre de 100 policiers d’ici 3 ans et on a les budgets, mais il faut qu’on arrive à les recruter“, remarque encore Jurgen De Landsheer. “J’ai ouvert 25 places pour des agents de police, un poste accessible aux personnes qui n’ont pas de diplôme secondaire. Sur les 25, je ne devrais pouvoir en avoir que 8 l’année prochaine en avril s’ils réussissent leur formation. On n’arrive pas à suivre au niveau du recrutement et de la formation dans les écoles“.

Le nouveau système doit être évalué

Le chef de corps invite les policiers mécontents à venir discuter de leur mal-être avec lui dès ce mardi. Il a également pris contact avec les syndicats SLFP et SNPS. Jurgen De Landsheer explique que le nouveau système doit être évalué et avance par exemple que les horaires des autres équipes qui renforcent l’intervention en chevauchement pourraient être modifiées. Il y a des équipes en appui qui font de l’intervention et d’autres tâches durant la journée. S’ajoutent encore trois équipes dédiées à l’intervention qui viennent de la police de proximité. Cependant, l’équipe d’intervention de la nuit, qui travaille de 19h00 à 07h00 du matin, est seule durant une large partie de son service.

  • Belga ; Interviews de Betty Masure (CGSP) et Jurgen de Landsheer (chef de corps Bxl-Midi), réalisées par Marine Guiet pour Toujours + d’actu