Des demandeurs d’asile continuent de dormir devant le Petit Château : “Le réseau est saturé”

File demandeurs d'asile réfugiés Petit Château Juin 2022 - Belga Noe Zimmer

Plusieurs organisations d’aide humanitaire tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines quant aux files qui se forment devant le centre du Petit Château.

Les scènes se répètent devant le portail du Petit Château, le centre d’arrivée pour demandeurs de protection internationale en Belgique, géré par Fedasil. Ce lundi matin, près de 200 demandeurs d’asile sont restés à l’extérieur lorsque, à 9h00, la porte du centre s’est refermée. Fedasil explique que près de 200 enregistrements ont été comptabilisés ce matin, mais qu’il existe encore trop peu de places d’accueil. Les travailleurs du centre ont demandé aux personnes toujours dans la file lors de la fermeture des portes de quitter les lieux pour retenter leur chance, ce mardi.

Les organisations d’aide humanitaire affirment toutefois que des dizaines de personnes ont encore dormi devant le centre, ce week-end. Une situation dénoncée depuis plusieurs semaines : ““Les scènes observées aujourd’hui devant le Petit Château, rappellent celles observées l’hiver dernier : des personnes dormant à la belle étoile plusieurs jours d’affilée dans des conditions extrêmement précaires, la pluie et froid ayant laissé la place à la canicule”, expliquaient ces organisations dans un communiqué commun mardi dernier.

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“Des lieux d’accueil ont été trouvés l’été dernier, mais c’est encore insuffisant. Fournir une place d’accueil est une obligation de résultat, pas une obligation d’effort. Aujourd’hui, le traitement de la demande prend un an à un an et demi, ce qui signifie que le réseau est saturé”, a expliqué Thomas Willekens, porte-parole de l’ASBL Vluchtelingenwerk Vlaanderen.

Le profil des personnes qui ne peuvent pas s’inscrire reste le même: des hommes célibataires qui ne sont pas considérés comme vulnérables. Les familles et les femmes seules, les enfants et les personnes malades sont prioritaires. “C’est difficile pour les personnes qui veulent demander une protection, mais pour le personnel de Fedasil, c’est aussi un exercice douloureux de faire cette sélection chaque jour et d’informer les gens qu’ils doivent revenir”, a commenté Benoit Mansy, porte-parole de Fedasil.

Nicole De Moore : “L’accueil seul n’est pas la solution”

Fedasil a affirmé que le gouvernement fédéral et la nouvelle secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Nicole De Moor (CD&V), tentent de recruter plus de personnel et de créer plus de places d’accueil, mais qu’il en manque encore. Dès début août, de nouvelles places seront disponibles dans la caserne de l’armée à Berlaar (province d’Anvers), a indiqué le cabinet de la secrétaire d’État Nicole De Moore.

Pourtant, la secrétaire d’État se veut claire : “L’accueil seul n’est pas la solution. Le gouvernement a pris des mesures pour accélérer les sorties et limiter les entrées. Une première solution consiste à affecter du personnel supplémentaire pour traiter les nombreuses demandes d’asile. Au cours du mois dernier, le Commissariat général, qui traite les demandes d’asile, a déjà pris 1 000 décisions de plus que le mois précédent.

On constate également que de nombreuses personnes qui demandent l’asile l’ont déjà fait dans un autre pays européen : “Il existe des règles et des procédures en la matière et nous les suivons. Nous créons également un centre d’accueil spécifiquement pour ces personnes afin de préparer leur retour dans d’autres pays européens. Il s’agit souvent de pays comme la France, les Pays-Bas et l’Allemagne”, a encore dit la secrétaire d’Etat.

Avec Belga – Photo : archive Belga/Noé Zimmer

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25 juillet 2022 - 12h17
Modifié le 25 juillet 2022 - 13h23