Depuis quand le Groenland est-il sous la glace ? Une équipe de l’ULB scanne le passé d’un pays auparavant vert
Les glaciologues souhaitent notamment savoir à partir de quelle température la calotte polaire risque de totalement disparaître.
Une recherche menée par l’Université Libre de Bruxelles, l’Université de Copenhague et l’Université de Nancy, baptisée Green2Ice, s’interroge sur les origines du Groenland et dévoile que le Groenland, non loin du Pôle Nord, a été vert il y a près d’un million d’années. Cette recherche vient de recevoir une bourse européenne prestigieuse, la ERC Synergy Grant, qui doit permettre aux chercheurs de mieux comprendre les origines du pays et de savoir quand le Groenland était encore libre de glace, afin de mieux anticiper les phénomènes que nous connaissons aujourd’hui. Ils vont notamment analyser des carottes qui ont été prélevés il y a plus de 50 ans et prélever de nouvelles carottes, en prime.
Le glaciologue François Fripiat, engagé dans cette recherche, s’explique plus en détails dans Le 12h30 de BX1 : “On ne connaît pas exactement l’âge de la calotte polaire, on ne sait pas depuis combien de temps le Groenland est pris sous la glace. On n’a pas encore de réponse exacte. On va donc analyser la glace la plus profonde, au plus proche du fond rocheux”.
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L’histoire climatique du Groenland montre qu’il y a eu plusieurs calottes polaires au nord de l’hémisphère, mais on ne sait pas depuis combien de temps exactement la calotte polaire actuelle du Groenland est figée.
“La nouveauté par rapport aux études précédentes, c’est qu’on va analyser des carottes glaciaires qui datent d’il y a plus de 50 ans et qui sont conservées dans une carothèque à Copenhague”, ajoute François Fripiat. “Il y a des nouvelles techniques de datation qui sont apparues et qui vont permettre de nouvelles recherches”.
“On va aussi essayer de comprendre la stabilité de la calotte polaire, aujourd’hui, face au dérèglement climatique. On veut voir comment la calotte répond à des changements climatiques”, rapporte encore le glaciologue. “On pourra ainsi savoir si, quand une température augmente de plusieurs degrés, la calotte risque de définitivement disparaître”. Soit une masse de glace de près de sept mètres au-dessus du niveau marin. “Mais cela risque de prendre du temps : d’ici 2100, on estime que ce sera 20 à 30 cm de la calotte. Cela va prendre plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires”, précise-t-il. Alors est-il possible de freiner cette fonte ? “Cela diverge très fort selon les scenarii proposés par les climatologues. Mais il y a des changements assez irréversibles, comme cette fonte de la calotte glaciaire”, conclut François Fripiat, qui rapporte que la recherche est financée pour au moins six ans.
■ Interview de François Fripiat, glaciologue de l’ULB, dans Le 12h30 par Vanessa Lhuillier et Fanny Rochez.