Décret paysage : la FWB continuera à veiller “aux intérêts de nos institutions”

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a vécu sa chute finale ce mercredi, à quelques semaines à peine de la fin d’une législature pourtant bien remplie. Mais, Pierre-Yves Jeholet, le ministre-président de la FWB assure qu’il y aura un bon fonctionnement des institutions.

Le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles Pierre-Yves Jeholet (MR) a assuré mercredi que son gouvernement continuerait à veiller au bon fonctionnement des institutions de l’entité malgré la dislocation de la majorité PS-MR-Ecolo sur le décret Paysage. On verra ce qu’il est envisageable de faire (mais le gouvernement) continuera de veiller à nos institutions et leur bon fonctionnement”, a assuré mercredi après-midi M. Jeholet, interrogé à la tribune du Parlement par les députés Benoît Dispa (Les Engagés) et Alice Bernard (PTB) sur les implications de la chute de la majorité. S’avouant “fâché” et “déçu” face à “cet acte de déloyauté” de ses partenaires, M. Jeholet a assuré devant les députés ne pas vouloir se départir de son “sens des responsabilités dans l’intérêt de nos secteurs”. Mais “ce qui s’est passé, à savoir une alliance avec l’extrême gauche, n’est pas anodin! Il ne faut pas se mettre la tête dans la sable” (quant aux conséquences pour le gouvernement), a-t-il commenté.

Le vote du décret paysage

Dans la nuit, en commission du Parlement, la proposition PS-Ecolo réformant le décret Paysage a été votée avec l’appui de l’opposition PTB, mais contre l’avis du MR. Le ministre-président Pierre-Yves Jeholet en a tiré logiquement les conséquences politiques, estimant désormais son gouvernement en “affaires courantes”. Les derniers dossiers qui devaient être adoptés avant la fin de la législature devraient rester lettre morte. Il en sera ainsi des imposants programmes de financement pour la construction et la rénovation de bâtiments scolaires, mais aussi de textes en matière d’enseignement obligatoire, de culture, ou encore de réforme des allocations d’études. Le clash final sur le décret Paysage est le dernier d’une série d’orages parfois violents au sein du gouvernement. On s’en souvient, l’an dernier, l’arc-en-ciel avait déjà connu de gros nuages noirs avec le débat houleux sur l’opportunité d’ouvrir une faculté complète de médecine à Mons.

Déjà, PS et Ecolo avaient ouvertement menacé de recourir à une majorité alternative pour contourner l’opposition du partenaire MR. Après plusieurs semaines de crise de nerfs, un accord avait finalement pu être trouvé, évitant ainsi une sortie de route prématurée. A noter que ces guéguerres à répétition n’ont pas systématiquement opposé ailes gauche et droite de la coalition. En 2022, PS et Ecolo avaient ferraillé durement plus de six mois pour s’accorder sur le successeur de Bernard De Vos comme délégué général aux droits de l’enfant. C’est le PS qui avait fini par l’emporter en imposant Solayman Laqdim.

Le chantier du Pacte pour un enseignement d’excellence

A côté de l’imposant chantier du Pacte pour un enseignement d’excellence qui a considérablement avancé sous cette législature, les adaptations furent aussi nombreuses dans le domaine de l’enseignement supérieur.  Outre la réforme (adoptée puis contestée) du décret Paysage en 2021, l’équipe Jeholet a refinancé les universités et Hautes écoles, augmenté les aides à la réussite pour les étudiants, transformé l’examen d’entrée en médecine en concours d’entrée en échange d’une augmentation des quotas Inami pour les médecins francophones, etc. En matière d’Aide à la jeunesse, la législature fut rythmée par les nombreuses manifestations et grèves des professionnels du secteur pour réclamer davantage de moyens afin de pouvoir prendre en charge des jeunes en danger ou en difficultés familiales toujours plus nombreux. Un appel auquel le gouvernement n’est d’ailleurs pas resté sourd, malgré son budget étriqué.

Pour la culture, le gouvernement a travaillé à renforcer l’accessibilité pour tous les publics, notamment en refinançant les bibliothèques, les centres culturels et les arts de la scène. Il a aussi veillé à ce que les géants du web contribuent davantage au financement de la production audiovisuelle locale en Fédération Wallonie-Bruxelles. Enfin, dans le secteur de l’enfance, plusieurs changements ont été opérés au sein de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE). Le gouvernement a aussi décidé de diminuer à partir de l’année prochaine le prix des crèches pour une majorité des familles. De nouvelles places d’accueil ont aussi été créées, même si l’effort reste bien insuffisant pour rencontrer tous les besoins de jeunes parents.

■ Un reportage de Jean-Christophe Pesesse, Loïc Bourlard et Stéphanie Mira