Crise de l’accueil : “C’est inadmissible, inhumain et dégradant”, s’indigne la Croix-Rouge

Des familles avec enfants, des mineurs étrangers non accompagnés, des femmes seules et des personnes malades se retrouvent actuellement sans abri, alertent plusieurs ONG.

Dans un communiqué de ce jeudi, la Croix-Rouge rappelle qu’elle a “intensifié ses maraudes en soirée autour du petit Château et du centre Pacheco et a débloqué des fonds pour une intervention d’urgence, ce qui a permis de distribuer 300 couvertures, des vêtements chauds, et de livrer 10 palettes de nourriture au Hub Humanitaire de l’avenue du Port, où 1200 repas chauds sont proposés chaque jour en collaboration avec d’autres associations”.

Plusieurs centaines de kits hygiène ont également été distribués, alors que des milliers d’hommes, mais aussi depuis la mi-octobre, des familles et des mineurs étrangers non accompagnés (MENA), sont toujours privés de places dans des structures d’accueil, et sont donc contraints de dormir dehors.

Face aux besoins grandissants et à la veille de l’hiver, ces actions ne suffisent cependant plus, assure l’association d’aide humanitaire, qui appelle l’État belge à prendre “des mesures d’urgence et d’ampleur”.

“Pas d’hébergement, pas d’eau, pas de nourriture et pas de sécurité pour toujours plus de personnes vulnérables qui demandent la protection internationale à la Belgique. Des mineurs seuls, des personnes malades, vulnérables, et même des familles avec enfants sont contraintes de dormir à même le trottoir. C’est inadmissible, inhumain et dégradant”, s’indigne la Croix-Rouge de Belgique, qui n’a d’ailleurs eu d’autre choix, le mois dernier, que de leur distribuer des tentes en carton.

Notre reportage : Bruxelles : les MENA contraints de dormir sous des tentes ont été évacués par la police

Pas de réaction malgré les condamnations

Le Ciré, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, Plateforme citoyenne, le Samusocial et Hub humanitaire Bruxelles déplorent également le manque de réaction du gouvernement face à la situation qui s’aggrave. A côté de l’épidémie de gale qui sévit parmi les demandeurs d’asile, de nombreux cas de diphtérie ont par ailleurs été constatés, poursuivent-elles.

La Cour européenne des droits de l’Homme a rappelé la Belgique à l’ordre. Les juridictions belges, dont la Cour d’appel de Bruxelles, condamnent quotidiennement Fedasil à respecter ses obligations, à savoir offrir un abri à tous les demandeurs d’asile, en vain.

Malgré les annonces de mesures comme la création de nouvelles places d’accueil, un plan hiver ou la mise à disposition de fonctionnaires fédéraux, “les blocages politiques persistent (…) et conduisent le gouvernement à s’asseoir sur ses obligations légales comme sur les nombreuses condamnations judiciaires”, dénoncent les organisations.

Pourtant, près de 50 associations avaient proposé en septembre dernier des mesures pour sortir de cette crise. Parmi elles, l’activation du plan de répartition en aide financière auprès des CPAS, le traitement prioritaire par le Commissariat général des Réfugiés et des Apatrides (CGRA), la sortie du réseau des quelque 2.500 personnes qui y séjournent de plus de trois ans ou encore la mise à disposition de chambres d’hôtels pour certains demandeurs d’asile. “Combinées, ces mesures permettraient de fixer un horizon afin de garantir une mise à l’abri de toutes les personnes, le plus rapidement possible”, garantissent les ONG.

 

La rédaction et Belga – Photo: Médecins du Monde

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16 novembre 2022 - 11h01
Modifié le 16 novembre 2022 - 11h27