“Cela va laisser des traces” : les partis réagissent à l’initiative d’Yvan Verougstraete

Yvan Verougstraete a annoncé ce jeudi qu’il devenait formateur afin de tenter de constituer un gouvernement bruxellois sans le MR, pourtant vainqueur des élections de juin 2024. Les réactions des différents partis politiques ne se sont pas fait attendre.

Le président des Engagés dit vouloir parvenir, en janvier, à la mise en place d’un gouvernement « Guinness », en référence au record que pourraient représenter tant la durée de formation que le nombre de partis — potentiellement sept ou huit, ainsi que des indépendants — nécessaires pour enfin aboutir à un accord. Le nouveau formateur propose une coalition de centre gauche avec Groen, Vooruit, le CD&V, le PS, Ecolo, DéFI, Les Engagés ainsi que l’Open-VLD à un stade ultérieur, formation qu’il souhaite convaincre sur base d’une “trajectoire budgétaire sérieuse”, a-t-il indiqué.

■ Reportage de Adeline Bauwin, Béatrice Broutout et Laurence Paciarelli

Cela va laisser des traces”

Le MR est donc laissé de côté, une nouvelle qui n’a pas manqué de faire réagir son président. Dans De Standaard, Georges-Louis Bouchez estime que “cela va laisser des traces”.

Le président du Mouvement Réformateur évoque une humiliation pour son parti et rappelle que le MR a remporté les élections à Bruxelles. Il ajoute : “On ne sauvera pas Bruxelles en rassemblant à nouveau tous les partis qui l’ont conduite à la faillite”.

À en croire Georges-Louis Bouchez, cette rupture bruxelloise entre Les Engagés et le MR aura inévitablement des répercussions sur les autres gouvernements où les deux partis sont majoritaires, notamment en Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles. “Il y a beaucoup de dossiers où j’ai été loyal envers mon partenaire, mais maintenant on va fonctionner en free-lance. Je ne me sens plus lié”, avertit encore le président du MR. “Je n’apprécierais pas que ma femme aille coucher dans le lit d’un autre certains soirs. Quand on vit avec quelqu’un, c’est une règle de base. On dort ensemble, quoi qu’il arrive” .

Dans une vidéo publiée à midi sur ses réseaux sociaux, le président du MR qualifie la proposition de coalition d’Yvan Verougstraete de “coalition Good Move”. Selon lui, elle ne respecte pas le résultat des dernières élections, puisqu’elle “exclurait la première formation politique francophone”.

Les réactions des futurs partenaires potentiels

Du côté des futurs partenaires potentiels de coalition, les réactions sont plus enthousiastes. La cheffe de file d’Ecolo au Parlement bruxellois, Zakia Khattabi, a réagi via un post Facebook :
Le MR n’a pas réussi à rassembler une majorité. Aujourd’hui, d’autres forces politiques tentent autre chose. C’est ainsi que fonctionne notre démocratie : elle vit, elle respire, elle s’adapte, parfois au prix de configurations inattendues, mais toujours dans le cadre des règles communes.”

Zakia Khattabi dénonce les accusations de “trahison” et de “déni démocratique” du MR, qu’elle juge incohérentes. Elle rappelle qu’à Ixelles, ces mêmes responsables considéraient parfaitement démocratique de ne pas gouverner malgré leur victoire aux dernières élections communales, après avoir eux-mêmes orchestré l’alliance offrant le mayorat au PS plutôt qu’aux écologistes pourtant arrivés en tête.

Sophie Rohonyi a également pris la parole sur sa page Facebook., La présidente de DéFi affirme que la Région bruxelloise ne pourra être redressée que par “une vraie majorité démocratique, stable et forte”. Elle confirme que DéFI participera aux réunions de travail d’Yvan Verougstraete, rappelant que le parti “a toujours été constructif” dans cette crise.  Elle souligne enfin que seule une telle rigueur permettra de constituer une double majorité FR/NL avec l’Open Vld “qui ne dépendra pas du chantage de députés extérieurs”.

Le PS bruxellois, de son côté, “salue l’initiative et la prise de responsabilité d’Yvan Verougstraete pour débloquer les négociations bruxelloises “. Le parti affirme être prêt à répondre à l’ensemble des invitations et à travailler dans un esprit constructif afin d’aboutir, le plus rapidement possible, à l’élaboration d’une trajectoire budgétaire sérieuse et à permettre l’installation d’un gouvernement de plein exercice.

Déclarations divergentes au CD&V

Alors que le CD&V rentre dans les plans de la nouvelle majorité d’Yvan Verougstraete, les réactions des membres du parti chrétien-démocrate flamand ont divergé ce jeudi. Benjamin Dalle, seul député à occuper un siège du CD&V à Bruxelles a dans un premier temps déclaré : “Bruxelles ne peut pas se permettre une nouvelle paralysie”. “Il ne s’agit pas de la coalition de préférence du CD&V”, a précisé Dalle, qui attend de voir si les autres partis sont prêts à mener ces réformes essentielles. Un peu plus tard dans la journée, son président Sammy Mahdi s’est montré moins ouvert. “Ce sont tout sauf les partis que l’on devrait récompenser“, a-t-il déclaré au cours de l’émission Villa Politica (Eén-VRT). Il faut plutôt une large coalition, “pas une coalition entre le PS, Ecolo, Team Fouad Ahidar et d’autres”. Selon M. Mahdi, la piste actuelle ne constitue qu’une perte de temps.

Le président de l’Open VLD, Frédéric De Gucht, a quant à lui réagi avec scepticisme à l’initiative des Engagés, déclarant sur son compte X : “Avec le MR autour de la table, nous n’avions déjà pas pu parvenir à un accord sur le budget et les économies nécessaires, donc nous voyons peu de raisons pour lesquelles cela réussirait maintenant.” Il a ajouté que les priorités de son parti pour Bruxelles “sont claires depuis le début et elles n’ont pas changé”.

Du côté des écologistes flamands, la formatrice Elke Vandenbrandt a réagi par voie de communiqué : “Nous sommes satisfaits de voir Yvan Verougstraete prendre une initiative nécessaire au moment opportun. Nous serons évidemment un partenaire constructif pour atteindre un accord pour les Bruxellois et leur Région.”

Groen a également exprimé sa volonté de former une majorité avec l’Open VLD, Vooruit et le Cd&V.

Fouad Ahidar doute des chances de succès d’une énième initiative

Compte tenu des blocages répétés qui ont caractérisé les négociations jusqu’à présent, nous continuons à douter fortement des chances de succès de cette énième initiative”, a déclaré jeudi Fouad Ahidar, chef de file de la formation qui porte son nom. “On reprend les mêmes partis et on recommence. Ce scénario du côté néerlandophone avait déjà été proposé par le même Yvan Verougstraete, après sa mission d’informateur, lorsqu’il avait mis en avant exactement les quatre mêmes partis: Groen, Vooruit, Open VLD et CD&V. Et Frédéric De Gucht avait été clair: c’était non“, a rappelé Fouad Ahidar. “Soit les partis autour de la table disposent d’indications sérieuses que la position de l’Open VLD a changé, soit nous perdons notre temps. Pour la Team Fouad Ahidar, c’est inacceptable.”

M. Ahidar a également pris note des réserves émises à l’égard de sa formation par certains partis, “les mêmes partis qui n’ont pourtant aucun problème à signer des textes avec nous au Parlement“, a-t-il fait observer. À la lumière de cette nouvelle tentative de regroupement, TFA a confirmé sa disponibilité pour le dialogue, mais a aussi insisté sur son sérieux et sa responsabilité: “Les Bruxellois méritent un gouvernement qui fonctionne, pas une nouvelle expérience qui mène tout droit à l’impasse“, a-t-il conclu.

Valentine Rolus avec Belga

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