“Ce ne sont pas 50 personnes qui feront la différence”: les recrutements supplémentaires pas suffisants, selon les syndicats policiers

“Très insuffisants”, “une goutte d’eau dans l’océan”, “il faut encore les trouver”… Ainsi réagissent les syndicats de police, lundi matin, aux annonces faites au cours du week-end par le kern, qui a promis de renforcer de 50 équivalents temps plein la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles. Les syndicats plaident pour une vision à long terme, “après plus de dix ans de gestion catastrophique”.

Le gouvernement a également prévu d’embaucher cinq magistrats de plus au parquet de Bruxelles ainsi que 25 agents supplémentaires à la police des chemins de fer de la capitale. Ces annonces ont été faites à la suite de l’attentat survenu à Bruxelles le 16 octobre, dans lequel deux Suédois ont été tués.

“Ce ne sont pas 50 personnes qui feront la différence”, selon le président du SLFP Police, Vincent Houssin, “alors que la police, et surtout la fédérale, a été réduite à peau de chagrin ces dernières années.” Ainsi, les agents doivent travailler dans des “bâtiments catastrophés”, avec du matériel obsolète et sous un statut peu attrayant, les salaires n’ayant plus été actualisés depuis 23 ans. “Nous sommes toujours fiers d’accueillir de nouvelles recrues, mais ceci nous est présenté comme un apport majeur”, alors qu’il s’agit “d’une goutte d’eau dans l’océan”, emboîte le secrétaire de la CSC Police, Joeri Dehaes, qui rappelle qu’il manque 15,4% de personnel à la police fédérale, soit 1.940 personnes. Ces 50 embauches promises sont donc tout à fait insuffisantes, conclut-il.

“Il faut encore trouver ces personnes”, abonde le président du SNPS, Carlo Medo. Et de prévenir: s’il s’agit de policiers provenant d’ailleurs, la pénurie ne sera pas résorbée mais simplement déplacée. Tandis que s’ils viennent de l’extérieur, il leur faudra jusqu’à trois ans avant de pouvoir être opérationnels au sein de la PJF.  En outre le nombre de candidats aux postes de police est en déclin, passant de 12.000 annuels il y a encore quelques années à 8.000 aujourd’hui, soulignent les syndicats.

Selon eux, c’est une conséquence des années d’économies, qui ont aussi entraîné un problème au niveau de l’image de la profession.  Les policiers dénoncent aussi une “politique d’annonce” du gouvernement, prenant en exemple l’engagement pris par les autorités d’embaucher 100 agents supplémentaires à l’aéroport de Zaventem. “Mais ceux-ci ne sont jamais arrivés”, martèlent MM. Medo et Houssin. “À chaque nouveau gouvernement, des investissements sont promis, mais nous sommes déçus à chaque fois”, regrette ce dernier. “Les déclarations de politique générale de ce gouvernement promettaient également de rendre le statut de policier plus attrayant. Dans la pratique, c’est tout le contraire”. Les organisations syndicales réclament plutôt une vision à long terme pour la police. “Il faut un plan d’action qui s’étale sur plusieurs gouvernements. Une sorte d’accord Octopus (du nom de cette importante réforme de la police opérée dès 1998 à la suite de l’affaire Dutroux, NDLR)”, exige M. Houssin. Ceci afin de “savoir où est-ce qu’on va avec la police”, ajoute M. Medo.

Quant au nouveau ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt, – Vincent Van Quickenborne ayant démissionné vendredi après qu’il a été révélé qu’une demande d’extradition du terroriste du 16 octobre par la Tunisie était restée lettre morte – les syndicalistes reconnaissent son expérience et attendent “une invitation rapide pour un entretien”.

Belga

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