Caroline Désir : “C’est une tentative de déstabilisation de notre Etat de droit”
La ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie Bruxelles, Caroline Désir (PS) est revenue sur la manifestation de ce dimanche contre l’obligation des animations à la vie relationnelle, affective et sexuelle votée il y a quelques jours. Elle souhaite expliquer aux parents qu’ils sont victimes de désinformation.
“Ceux qui s’occupent de ce dossier depuis longtemps, disent qu’il révèle des tensions, mais on ne s’attendait pas que cela soit si fort”, a expliqué Caroline Désir. “On n’a pas vu venir une mobilisation pareille”.
La ministre a tenu à rappeler qu’il ne s’agissait pas d’un cours, mais bien d’animations données par des acteurs extérieurs formés. Le guide n’est autre qu’un support et non un programme obligatoire. Les animateurs partiront toujours des questions des enfants.
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“Je rappelle que légalement l’evras fait partie des missions de l’école depuis 2012. Tout le monde ne l’organisait pas et nous avons voulu la rendre obligatoire. On ne met pas les enfants dans un conflit de loyauté par rapport à l’éducation qu’il reçoit de ses parents, mais il doit pouvoir se confronter à d’autres pensées.”
La question du genre
Pour les courants opposés à l’Evras, l’argument de la théorie du genre est brandie. “C’est pour faire peur, ajoute Caroline Désir. On ne va pas dire à des enfants de maternelle qu’on va changer de genre, mais on doit se rendre compte de la réalité de terrain. On a des enfants qui se font harceler parce qu’ils ont envie de jouer à la poupée. On doit donner des aides aux professeurs. Nous faisons de la prévention.”
Elle a tenu à ajouter que l’Evras n’allait pas encourager l’homosexualité. “Dans la manifestation, nous avons entendu des discours homophobes, transphobes ou anti-IVG. Je rappelle que cela n’est pas une opinion, mais un délit.”
Une nouvelle réunion d’analyse de la menace est prévu ce lundi matin avec l’Ocam. Les incendies dans les écoles dans la région de Charleroi et de Liège sont considérés comme des actes terroristes. “Ce sont des groupuscules qui mènent des campagnes de désinformation. On retrouve des groupes d’extrême-droite, mais aussi des ultra-religieux. L’intoxication est tellement importante que certains parents ont vraiment des craintes. Nous devons les rassurer.”
Les partis politiques devraient avoir un front uni pour montrer le soutien. “Je suis inquiète de l’ampleur de ces mouvements et c’est une tentative de déstabilisation de notre État de droit.”
Interview de Fabrice Grosfilley